Les actionnaires restent sévères sur les rémunérations des dirigeants - Market Blog
April 30 2018 - 4:01AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Par Bruno de Roulhac
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les investisseurs toujours plus actifs aux
assemblées générales françaises. Dans son enquête annuelle,
l'Association française de la gestion financière (AFG) a montré
l'engagement croissant des gérants pour améliorer la gouvernance à
travers leur dialogue avec les sociétés et par leur vote en
assemblée générale (AG). Une tendance qui se confirme pour ce début
de saison 2018.
Pour les assemblées françaises, "nous nous appuyons sur les bases
d'ISS (Institutional Shareholder Service) et sur les analyses de
Proxinvest, très bon connaisseur des entreprises françaises, mais
nous restons maîtres de nos votes", explique Jean-Philippe
Desmartin, directeur de l'investissement responsable chez Edmond de
Rothschild AM. "L'an dernier, nous avons contesté 24% des
résolutions en France, contre 20% en moyenne par les gérants
français, selon l'AFG", ajoute le responsable.
L'influence des proxys, notamment ISS, "reste très forte, mais les
investisseurs étrangers regardent de plus en plus les AG françaises
avec leur propre grille de lecture et en fonction de leur politique
de vote", ajoute Michael Herskovich, responsable de la gouvernance
d'entreprise chez BNP Paribas AM. "Nous ne sommes pas encore au
niveau de maturité du marché britannique, où l'on peut voir des
taux d'oppositions de 20% sur des résolutions recommandées par les
proxys." Pour la saison 2018, "les gérants sont plus détendus après
une bonne année boursière 2017 et en l'absence de scandales
majeurs", poursuit Jean-Philippe Desmartin.
Des packages contestés dans le CAC 40
En ce début de saison, les résultats les plus faibles concernent
les sujets de rémunération. Au 23 avril, le taux d'approbations de
la politique de rémunération et du "say on pay" était de 85% dans
le CAC 40, et de 95% et 92% dans le Next 80, selon L'Hebdo des AG.
Soit une détérioration pour le CAC 40 et une amélioration par
rapport aux chiffres 2017. "Des résultats sans surprise, dans la
continuité de l'an dernier", estime Michael Herskovich. "En
particulier, les politiques de vote ex ante sont davantage
contestées que l'an dernier quand elles sont modifiées."
Chez Schneider Electric, les politiques de vote du PDG et du DGD
ont été approuvées à moins de 74%, et leurs parachutes dorés à
moins de 60%. Chez Eiffage, la rémunération du PDG n'a obtenu que
68% d'approbations, et les attributions d'actions gratuites 71%. La
rémunération du PDG de Vinci a aussi été fortement contestée,
approuvée seulement à 56%. "Le sujet n'est pas tant le montant de
la rémunération que la précision donnée sur les critères pour la
rémunération à venir," poursuit Jean-Philippe Desmartin. "Xavier
Huillard est l'un des meilleurs patrons français. Par contre, là
encore, nous sommes attentifs à l'organisation à venir de sa
succession."
Egalement un coup de semonce chez Essilor, où les "say on pay" des
PDG et DGD d'Essilor n'ont été approuvés qu'à 59%. "Un variable est
un variable et doit varier", poursuit Jean-Philippe Desmartin. "Un
package de rémunération doit baisser quand les résultats et le
parcours boursier sont moins au rendez-vous. Par ailleurs, nous
sommes prudents sur le rapprochement avec Luxottica. Les "fusions
entre égaux", surtout avec des cultures d'entreprise différentes,
sont les plus à risques en matière de gouvernance."
L'intérêt de l'entreprise doit primer
Autre surprise, "le dépôt de résolutions par des activistes (Amber
Capital chez Lagardère) ou d'importants actionnaires (Crédit
Agricole Assurances chez Icade) en désaccord avec la société sont
toujours des événements non prévisibles", poursuit Michael
Herskovich. "Cet activisme manifeste aussi l'échec du dialogue avec
le management et cet actionnaire."
Pourtant, les émetteurs s'améliorent. Les votes contestés -- moins
de 80% d'approbations -- sont davantage étudiés par les conseils.
Ainsi, "Valeo est allé à la rencontre de ses actionnaires pour
comprendre la forte opposition de 2017 au say on pay. Et leur
nouvelle politique de rémunération essaye de prendre en compte les
attentes des investisseurs", se félicite Michael Herskovich.
Autre changement structurel, l'attention portée au renouvellement
des conseils et notamment du dirigeant. "Si le vote contraignant
sur les rémunérations ne change rien pour nous, nous sommes en
revanche encore plus vigilants cette année sur l'organisation de la
succession des dirigeants, avec 25% des patrons du CAC renouvelés
ou nouveaux", ajoute Jean-Philippe Desmartin. Par exemple, le PDG
de Veolia, Antoine Frérot, n'a été reconduit qu'à 69% au conseil.
"Nous sommes notamment attentifs sur la succession à venir et à
préparer de Carlos Ghosn chez Renault, ou de Jacques Gounon chez
Getlink", poursuit Jean-Philippe Desmartin. "L'intérêt de
l'entreprise doit primer sur celui du dirigeant, comme l'a compris
Legrand en ce début d'année."
Plus globalement, pour avoir les bonnes personnes au conseil, "il
faut de plus en plus 'challenger' les administrateurs. D'autant que
le conseil n'est pas renouvelé chaque année, comme au Royaume-Uni,
en Suisse et aux Etats-Unis", conclut Michael Herskovich.
-Bruno de Roulhac, L'Agefi. ed: ECH
"Le Market Blog" est le blog économique et financier de l'agence
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April 30, 2018 03:41 ET (07:41 GMT)
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