Le spécialiste de l'inspection et du contrôle des normes Bureau Veritas (BVI.FR) a su gérer habilement son expansion ces dernières années en se développant dans plusieurs industries et sous toutes les latitudes. La forte augmentation du chiffre d'affaires, réalisée à coups d'acquisitions dans un environnement économique parfois difficile, ne s'est pas faite au détriment de la rentabilité, et les objectifs fixés pour 2015 -certes ambitieux- semblent à portée de main.



Mais ces nouveaux développements poseront également quelques problèmes au groupe chargé d'évaluer la sécurité ou la qualité des bâtiments, des navires, et des produits de grandes consommation. En changeant de périmètre, Bureau Veritas s'expose à de nouveaux risques, dont le risque de change. Il se lance également à l'assaut de marchés qui faisaient figure de chasse gardée de certains de ses fournisseurs. A terme, ces incursions dans de nouvelles activités pourraient rendre nécessaires des acquisitions plus transformantes, notamment dans le domaine de l'analyse.



Une politique d'acquisitions à double tranchant



La très grande diversification géographique de Bureau Veritas lui fait certes profiter du dynamisme des pays émergents, qui ont représenté environ la moitié de ses revenus l'année dernière. Mais elle l'expose également aux variations de changes, comme l'ont montré la forte dépréciation de nombreuses devises face à l'euro ces derniers mois.



Combinés à une activité en bas de cycle sur plusieurs marchés du groupe, les effets de change défavorables ont contribué au ralentissement constaté de l'activité, le chiffre d'affaires n'augmentant que de 0,8% au total en 2013. Tout en saluant l'amélioration des marges réalisée, des courtiers comme Jefferies jugent que les objectifs à horizon 2015 seront difficiles à atteindre en raison d'un ralentissement à prévoir du rythme des acquisitions.



Le plan stratégique de Bureau Veritas prévoit un chiffre d'affaires compris entre 4,7 et 5,3 milliards d'euros en 2015, contre 3,36 milliards d'euros en 2011.



Dans l'ensemble, l'évolution des activités du groupe liée à la mise en oeuvre du plan stratégique reste toutefois bien accueillie par les analystes: "En dépit d'un contexte défavorable qui a pénalisé la croissance organique, les résultats 2013 soulignent la structure de mieux en mieux équilibrée des revenus et les premiers signes de stabilisation des activités les plus cycliques (construction, marine et dans une moindre mesure, minéraux)", indique CM-CIC Securities mardi dans une note d'analyse.



Le groupe "affiche ainsi des performances proches de celles de ses 2 grands comparables, SGS (SGSN.VX) et ITRK et maintient une politique de retour active aux actionnaires", ajoute la banque.



Quête identitaire



Pour bénéfique qu'elle soit, la modification du profil du groupe induite par sa politique d'acquisitions soulève tout de même quelques questions. Après s'être lancé dans les tests pétroliers et de matières premières à l'occasion du rachat d'Inspectorate en 2010, Bureau Veritas vient d'élargir considérablement sa palette dans le secteur du "testing" en rachetant le canadien Maxxam Analytics International.



En devenant un acteur important de l'analyse alimentaire et environnementale en Amérique du Nord, le groupe devient un concurrent de l'autre société française importante du secteur, le réseau de laboratoires Eurofins Scientific (ERF.FR), jusqu'à présent présenté comme un partenaire et sous-traitant de Bureau Veritas dans certaines de ses activités.



Lors d'une conférence téléphonique la semaine dernière, le directeur général Didier Michaud-Daniel s'est voulu rassurant: Bureau Veritas n'aura pas de problème à concurrencer un de ses fournisseurs. Sans entrer dans les détails, le dirigeant s'est dit intéressé par les nouvelles opportunités qui se présenteraient dans le secteur du "testing".



A terme, cette situation posera toutefois à Bureau Veritas la question de sa transformation complète en acteur intégré du contrôle, de la certification et de l'analyse - alors que cette dernière restait majoritairement externalisée jusqu'à présent.



Le groupe aura sans doute l'occasion de se pencher sur cette question en élaborant son prochain plan stratégique à moyen terme.



-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +331 40 17 17 72; thomas.varela@dowjones.com

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