Menaces sur le modèle des foncières cotées
August 29 2012 - 5:35AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Même s'il risque de réduire la rentabilité des sociétés
foncières cotées, l'alourdissement de la fiscalité sur les
dividendes ne remet pas en cause leur statut fiscal favorable. Mais
d'autres contraintes, fiscales ou réglementaires, pourraient à
terme bouleverser le modèle économique du secteur.
En vigueur depuis août, la loi de finances rectificative pour 2012
instaure une taxe de 3% sur les dividendes distribués. Les sociétés
d'investissement immobilier cotées (SIIC) telles que Gecina
(GFC.FR), Unibail-Rodamco (UL.FR), Klépierre (LI.FR) et Mercialys
(MERY.FR) pourront difficilement y échapper: en contrepartie d'une
exonération de l'impôt sur les sociétés, elles doivent redistribuer
85% de leurs bénéfices à leurs actionnaires.
"La taxe de 3% est supportée par la société et affectera les
résultats et les fonds propres de l'exercice de distribution,
postérieur à celui de réalisation du résultat dont sont issus les
dividendes", explique à Dow Jones Newswires Pierre Appremont,
avocat associé au cabinet Wragge & Co.
"La foncière aura alors le choix entre réduire son taux de
distribution de façon à conserver le même niveau de fonds propres -
mais cela diminuerait le rendement des titres et ferait baisser le
cours de Bourse - et diminuer sa capacité d'investissement pour
maintenir la rémunération des actionnaires", ajoute-t-il.
Selon des experts, la nouvelle taxe pourrait coûter de 50 à 80
millions d'euros par an au secteur. Pourtant, si l'impact de la
mesure est "réel", il restera "gérable" et ne devrait pas échauder
les investisseurs, estime Dorian Kelberg, délégué général de la
Fédération des sociétés immobilières et foncières (FSIF).
L'instauration de la taxe ne s'est en tout cas pas fait ressentir à
la Bourse de Paris. "Les effets à court terme ne sont pas vraiment
palpables: en soi, la ponction de 3% ne remet pas en question le
statut SIIC", estime Pierre Schoeffler, conseiller scientifique à
l'Institut de l'épargne immobilière et foncière (IEIF). C'est
d'autant plus vrai que "le régime français de transparence fiscale
reste plus libéral que celui d'autres pays européens, où les
foncières cotées sont soumises à des exigences plus strictes
pouvant être assimilées à des contraintes fiscales implicites",
souligne-t-il.
La bonne performance opérationnelle des foncières au premier
semestre leur permet également de maintenir la confiance du marché,
malgré la mauvaise conjoncture économique. Toutes ont maintenu
voire relevé leurs prévisions, note la société de Bourse Kepler
Capital Markets.
L'horizon risque cependant de s'assombrir. Si le rendement des
foncières semble aujourd'hui peu ou prou préservé, leur régime
fiscal pourrait pâtir des futurs tours de vis budgétaire du
gouvernement. "La vraie question est de savoir si la taxe restera à
3%, car il serait techniquement facile d'en augmenter le taux",
insiste Pierre Appremont.
Et "l'Etat sera évidemment tenté de l'augmenter, ce qui pourrait
entraîner à terme la mort du système SIIC", estime Pierre
Schoeffler. Or, ce dernier permet justement d'attirer les capitaux,
prévient-t-il: "Avant la mise en place du statut SIIC en 2003,
l'immobilier coté français était moribond. Depuis, il est devenu le
plus important d'Europe. La capitalisation boursière des foncières
a été multipliée par près de dix à environ 45 milliards
d'euros".
Une autre interrogation concerne l'instauration éventuelle d'une
obligation, pour les foncières cotées, d'investir dans l'immobilier
résidentiel alors que leur portefeuille est aujourd'hui
majoritairement composé de bureaux ou d'actifs commerciaux. "Le
rendement de l'immobilier résidentiel est beaucoup plus faible que
celui de l'immobilier d'entreprise. Du coup, cela ferait baisser le
cash flow d'exploitation et donc le résultat et les dividendes
distribués: ce serait une fiscalité implicite", prévient le
conseiller scientifique.
Ces incertitudes pour l'avenir pourraient peser plus lourd que la
taxe actuelle de 3%.
-Martine Pauwels, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 69;
martine.pauwels@dowjones.com
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