Les scissions vertes des utilities stimuleront l'investissement durable - Plus Europe
March 29 2021 - 4:52AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Rochelle Toplensky,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--L'engouement de Wall Street pour tous
les aspects de la finance verte a remis les scissions au goût du
jour chez les producteurs d'énergie. Et cette fois, il est probable
que les entreprises européennes de services collectifs choisissent
de se défaire de leurs actifs polluants plutôt que de leurs actifs
propres.
Les valorisations sur le segment des énergies renouvelables ont
fortement augmenté au cours de l'année passée, stimulées par
l'engagement des entreprises à réduire leurs émissions carbone et
par les plans de transition énergétique adoptés par les différents
gouvernements. L'investissement durable, piloté en fonction de
critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), attire
un afflux massif de capitaux, ce qui génère une sorte de "greenium"
soit une "prime verte" pour les titres proposant un biais
environnemental.
Alors que des groupes visionnaires comme NextEra Energy, Iberdrola
et Enel se sont imposés comme des poids lourds de l'énergie verte,
certains concurrents européens de taille moyenne comptent eux aussi
se parer de cette "prime verte". L'une des façons d'y parvenir
consiste à donner une identité boursière distincte à leurs
différents pôles d'activité.
Cette stratégie n'est pas nouvelle. A la fin des années 2000, bon
nombre de producteurs européens d'électricité ont introduit en
Bourse leurs actifs d'énergie renouvelable, cédant des
participations minoritaires pour tirer parti de la vague
d'enthousiasme suscitée par les énergies solaire et éolienne. Le
marché s'étant développé tant bien que mal, la plupart de ces
segments ont finalement été réintégrés à leurs maisons-mères.
Recentrage stratégique vers les énergies renouvelables
La situation actuelle est un peu différente dans le sens où la
plupart des groupes du secteur recentrent maintenant leurs
activités stratégiques sur les énergies renouvelables et songent
plutôt à se défaire de leurs actifs traditionnels d'énergie
fossile. Le solaire et l'éolien devraient connaître un fort
développement alors que les centrales thermiques, nucléaires et
parfois au gaz seront progressivement mises à l'arrêt. De fait,
même un faible pourcentage de production carbonée suffit à
dissuader les investisseurs ESG.
L'allemand RWE déploie notamment d'importantes activités d'énergie
éolienne et solaire et conçoit d'ambitieux projets pour les
développer dans l'optique de réduire à néant ses émissions de
dioxyde de carbone d'ici à 2040. Or il a aussi tiré en 2020 près
d'un quart de son chiffre d'affaires du charbon. Le groupe envisage
donc de scinder ses actifs traditionnels, ce qui lui permettrait
d'attirer les investisseurs ESG.
Deux géants français cherchent eux aussi à affiner leur
argumentaire d'énergie propre. EDF a engagé un projet de refonte
visant à réorganiser le groupe en trois entités, avec un "EDF bleu"
dédié au nucléaire, un "EDF vert" consacré entre autres aux
énergies renouvelables, et un "EDF azur" pour les concessions
hydrauliques. Engie a lui aussi entrepris une restructuration pour
se concentrer sur les énergies propres, probablement par le biais
de cessions plutôt que par des introductions en Bourse
séparées.
Prime aux investisseurs de la première heure
Les scissions sont généralement favorables aux investisseurs de la
première heure. Depuis 2000, les entreprises européennes qui ont
créé des filiales cotées ont fait mieux que le marché l'année
précédant l'annonce et jusqu'à la finalisation, après quoi leur
performance a été inférieure à celle du marché, selon une analyse
de Morgan Stanley. Près des deux-tiers des entités scindées ont
aussi fait mieux que le marché lors de leur première année.
La confirmation de ce schéma dépendra en partie du traitement que
réserveront les entreprises de services collectifs à leurs
activités traditionnelles. Les actifs voués à un lent déclin,
notamment ceux affligés d'un stigmate environnemental, devront
certainement faire l'objet d'un argumentaire bien rodé et de
faibles valorisations pour espérer attirer l'intérêt des
investisseurs. Ces derniers auront sans doute plus de chance de
bénéficier de cette nouvelle vague de scissions s'ils s'en tiennent
au vieil adage du marché : acheter la rumeur et vendre la
nouvelle.
-Rochelle Toplensky, The Wall Street Journal
(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH
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March 29, 2021 04:32 ET (08:32 GMT)
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