Les promesses de l'union Capgemini-Altran sont fragilisées par le Covid-19 - DJ Plus
April 02 2020 - 10:19AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--La pandémie de coronavirus a donné un coup
de pouce inattendu à Capgemini. L'entreprise de services numériques
a annoncé mercredi détenir 98% de la société de R&D
externalisée Altran Technologies, à l'issue de la réouverture de
son offre publique d'achat (OPA). Le groupe a en conséquence
demandé à l'Autorité des marchés financiers son retrait de la cote,
mettant un point final à un long feuilleton.
L'OPA de Capgemini a protégé le cours de l'action Altran de la
chute des marchés causée par la crise sanitaire. Les actionnaires
qui n'avaient pas déjà apporté leurs titres ont donc saisi la main
tendue par Capgemini. Parmi eux, le fonds Elliott a finalement cédé
après avoir critiqué à maintes reprise le prix de l'offre,
initialement de 14 euros puis porté à 14,5 euros par titre.
Capgemini a désormais les mains libres pour intégrer Altran. En
prenant 100% du capital, l'entreprise s'épargne la présence d'un
actionnaire remuant, comme Elliott, ainsi qu'un coût de sortie des
minoritaires potentiellement élevé. "Le risque était que Capgemini
paie 17 euros voire 18 euros par action dans les prochaines années
pour sortir les actionnaires qui seraient restés au capital
d'Altran", explique Nicolas David, analyste chez Oddo BHF.
Le R&D externalisée ébranlée par la crise
Capgemini pourra tirer au mieux les synergies de coûts, attendues
entre 70 et 100 millions d'euros avant impôts en année pleine, ce
qui aurait été impossible si Altran était resté coté. Les synergies
de revenus, évaluées entre 200 et 350 millions d'euros d'ici à
trois ans, ont par ailleurs été confirmées par Capgemini. L'agence
de notation Standard and Poor's s'attend à ce que l'entreprise
réalise l'intégralité des synergies de coûts dès 2022 et extraie
275 millions d'euros de revenus additionnels dans les trois années
suivant l'acquisition.
Revers de la médaille: l'intégration d'Altran survient à un moment
où la crise ébranle le secteur technologique, surtout celui de la
R&D externalisée. Alten et Akka, deux concurrents d'Altran, ont
vu leur cours de Bourse respectif fondre de 47% et 63% depuis le
1er janvier.
Les principaux clients des sociétés de R&D externalisée sont
pour l'essentiel de grands industriels dont les activités sont
perturbées par les mesures de confinement. Pour préserver leurs
finances, ces donneurs d'ordre risquent de reporter voire d'annuler
des projets. Altran ne sera certainement pas épargné, même si le
groupe est plus diversifié qu'une société comme Akka. A titre
d'exemple, l'automobile a représenté presque 20% du chiffre
d'affaires d'Altran en 2019. Bryan Garnier anticipe un repli
organique des revenus de l'entreprise de 12,4% au deuxième
trimestre et de 6,1% sur l'ensemble de 2020.
"Il est bien évident que le contexte économique actuel a un impact.
Mais nous comptons bien en sortir et derrière, il y aura une
reprise probablement dans les deux années qui viennent", a affirmé
aux Echos, Aiman Ezzat, qui prendra la direction générale de
Capgemini en mai.
Un potentiel qui s'appréciera sur le long terme
Le coronavirus empêche dans l'immédiat d'apprécier les vertus de
l'opération. "La pandémie de coronavirus compliquera le suivi de
l'exécution des synergies. Avec la baisse attendue des chiffres
d'affaires et de la rentabilité des deux groupes, il ne sera pas
aisé de les identifier", explique Matthieu Lavillunière, analyste
chez Invest Securities.
Capgemini ne pouvait prévoir de telles circonstances lorsque les
deux groupes avaient annoncé en juin cette union. "Le rapprochement
entre Capgemini et Altran s'inscrivait de toute façon à moyen
terme", souligne toutefois Nicolas David, d'Oddo BHF. "L'intérêt de
l'opération est en grande partie maintenue, même si dans l'immédiat
la contribution d'Altran sera bien plus faible que prévu",
juge-t-il.
L'union "conserve du sens à long terme", confirme Matthieu
Lavillunière d'Invest Securities. "Mais dans le cadre de ce rachat,
Capgemini se positionnait pour profiter d'une vague
d'investissements de 'digitalisation' de l'industrie qui, dans le
contexte actuel, sera à minima décalée dans le temps", nuance
l'analyste.
Lors de la publication des revenus du premier trimestre, le 28
avril, Capgemini livrera ses perspectives 2020 intégrant la
consolidation d'Altran au 1er avril. Le groupe fera ensuite un
point en septembre sur la mise en place des synergies.
En attendant, malgré les incertitudes économiques liées au
coronavirus, les analystes continuent de plébisciter Capgemini.
Selon FactSet, 80% d'entre eux recommandent d'acheter la valeur et
aucun ne propose de la vendre. Credit Suisse considérait lundi
"aberrante" la chute du titre, de 32% depuis le début de l'année.
Le groupe dirigé par Paul Hermelin devra se montrer à la hauteur de
ces attentes. Ce qui ajoute une autre raison de guetter avec
attention la publication du 28 avril.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: ECH
Agefi-Dow Jones The financial newswire
(END) Dow Jones Newswires
April 02, 2020 09:59 ET (13:59 GMT)
Copyright (c) 2020 L'AGEFI SA
Capgemini (EU:CAP)
Historical Stock Chart
From Sep 2024 to Oct 2024
Capgemini (EU:CAP)
Historical Stock Chart
From Oct 2023 to Oct 2024