La société de biotechnologies AB Science va s'introduire en Bourse prochainement afin de financer des traitements expérimentaux susceptibles de générer à terme plusieurs milliards d'euros de chiffre d'affaires, a déclaré son président-directeur général Alain Moussy lors d'un entretien accordé à Dow Jones Newswires.



Cet appel au marché doit permettre à AB Science de financer les études en cours sur sa molécule phare, le masitinib, tout en restant indépendant des grands laboratoires pharmaceutiques.



"Compte tenu des pathologies visées, chacune des applications [du masitinib] a le potentiel d'un blockbuster", a déclaré A.Moussy, sans fournir d'estimation chiffrée sur le marché que pourrait viser le médicament.



Les études menées actuellement portent sur l'application de la molécule à plusieurs traitements, dont ceux du cancer du pancréas, de la maladie d'Alzheimer et de la sclérose en plaques.



"Les grands laboratoires pharmaceutiques se sont montrés très intéressés par notre recherche, nous avons été très courtisés", a indiqué A.Moussy, alors que de nombreux grands groupes pharmaceutiques s'intéressent aux sociétés de biotechnologies afin de renouveler leur portefeuille de médicaments tout en limitant leurs coûts de R&D.



Mais AB Science a fait le choix de ne pas confier le développement de sa molécule à un grand groupe, une option pourtant couramment retenue par les sociétés de recherche pour financer leur croissance.



"Une stratégie d'indépendance permet de réaliser des marges nettement plus élevées lors de la commercialisation du produit", a expliqué A.Moussy, en citant comme modèle le cas des américains Amgen (AMGN) et Genentech, qui avaient fait ce choix à leurs débuts il y a une trentaine d'années.



Plus récemment, sur le marché français, la société de biotechnologies Transgene a annoncé un projet d'augmentation de capital de 100 à 150 millions d'euros afin de financer sa transformation d'entreprise de recherche en laboratoire pharmaceutique intégré.



Les sociétés de biotechnologies "ont clairement le vent en poupe. Le marché leur était fermé depuis la crise, il y a désormais davantage d'appétit de la part des investisseurs", a commenté Sébastien Malafosse, analyste chez Natixis.



Pour autant, les introductions en Bourse qui se préparent dans le secteur "ne se dérouleront pas nécessairement sans accroc", a ajouté l'analyste. Il a cité le cas de Neovacs, qui a récemment reporté du 30 mars au 14 avril la date limite de souscription à son introduction sur Alternext.



L'analyste de Natixis a également souligné le risque pris par les sociétés comme AB Science, dont le modèle repose sur une seule molécule. "En cas de résultats décevants sur une des indications proposées pour le produit, la réaction du titre en Bourse peut être brutale", a-t-il indiqué à Dow Jones Newswires.



AB Science n'a pas encore dévoilé les modalités de son introduction en Bourse, qui pourrait être annoncée dès cette semaine, selon une source de marché. A l'issue de la dernière augmentation de capital réalisée par la société en juin 2009, sa capitalisation était de 350 millions d'euros. Les sept cofondateurs détiennent actuellement 53% du capital, dont 43% pour le seul Alain Moussy.



L'introduction en Bourse d'une part minoritaire du capital sur le compartiment B d'Euronext "devrait arriver rapidement désormais", a déclaré A.Moussy à Dow Jones Newswires, sans préciser le montant de l'opération. Selon les chiffres communiqués par AB Science, la société aurait besoin d'environ 20 millions d'euros pour financer ses études de phase 2, ses trois études actuellement en phase 3 étant déjà financées.



En plus de cette augmentation de capital, les actionnaires actuels d'AB Science céderont certains de leurs titres afin d'augmenter le nombre d'actions en circulation, a ajouté A.Moussy.



L'originalité du masitinib est de viser des pathologies aussi bien humaines qu'animales. Il est d'ailleurs commercialisé depuis septembre 2009 en médecine vétérinaire pour certains cancers du chien.



La nature de la molécule, un "inhibiteur de protéines kinases" qui agit sur la régulation de l'activité cellulaire, la rend transposable chez l'homme, a expliqué A.Moussy.



En 2009, AB Science a réalisé la quasi-totalité de son chiffre d'affaires de 316.000 euros grâce à cet usage vétérinaire de sa molécule. Cette application "a le profil pour atteindre le statut de blockbuster d'ici quelques années", a indiqué A.Moussy, tout en précisant qu'en médecine vétérinaire, un médicament phare génère seulement 50 à 100 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel.



En médecine humaine en revanche, le développement de la molécule nécessitera encore plusieurs années, même si les recherches en cours atteignent leurs objectifs. "Nous attendons les résultats d'une première étude de phase 3 au second semestre 2011, sur le cancer du pancréas. Ensuite, les résultats de phase 3 se succéderont au rythme d'un ou deux par an", a estimé le PDG d'AB Science.



-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 72; thomas.varela@dowjones.com

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