ENTRETIEN:AB Science s'apprête à s'introduire en Bourse -PDG
April 06 2010 - 1:57PM
Bourse Web Dow Jones (French)
La société de biotechnologies AB Science va s'introduire en
Bourse prochainement afin de financer des traitements expérimentaux
susceptibles de générer à terme plusieurs milliards d'euros de
chiffre d'affaires, a déclaré son président-directeur général Alain
Moussy lors d'un entretien accordé à Dow Jones Newswires.
Cet appel au marché doit permettre à AB Science de financer les
études en cours sur sa molécule phare, le masitinib, tout en
restant indépendant des grands laboratoires pharmaceutiques.
"Compte tenu des pathologies visées, chacune des applications [du
masitinib] a le potentiel d'un blockbuster", a déclaré A.Moussy,
sans fournir d'estimation chiffrée sur le marché que pourrait viser
le médicament.
Les études menées actuellement portent sur l'application de la
molécule à plusieurs traitements, dont ceux du cancer du pancréas,
de la maladie d'Alzheimer et de la sclérose en plaques.
"Les grands laboratoires pharmaceutiques se sont montrés très
intéressés par notre recherche, nous avons été très courtisés", a
indiqué A.Moussy, alors que de nombreux grands groupes
pharmaceutiques s'intéressent aux sociétés de biotechnologies afin
de renouveler leur portefeuille de médicaments tout en limitant
leurs coûts de R&D.
Mais AB Science a fait le choix de ne pas confier le développement
de sa molécule à un grand groupe, une option pourtant couramment
retenue par les sociétés de recherche pour financer leur
croissance.
"Une stratégie d'indépendance permet de réaliser des marges
nettement plus élevées lors de la commercialisation du produit", a
expliqué A.Moussy, en citant comme modèle le cas des américains
Amgen (AMGN) et Genentech, qui avaient fait ce choix à leurs débuts
il y a une trentaine d'années.
Plus récemment, sur le marché français, la société de
biotechnologies Transgene a annoncé un projet d'augmentation de
capital de 100 à 150 millions d'euros afin de financer sa
transformation d'entreprise de recherche en laboratoire
pharmaceutique intégré.
Les sociétés de biotechnologies "ont clairement le vent en poupe.
Le marché leur était fermé depuis la crise, il y a désormais
davantage d'appétit de la part des investisseurs", a commenté
Sébastien Malafosse, analyste chez Natixis.
Pour autant, les introductions en Bourse qui se préparent dans le
secteur "ne se dérouleront pas nécessairement sans accroc", a
ajouté l'analyste. Il a cité le cas de Neovacs, qui a récemment
reporté du 30 mars au 14 avril la date limite de souscription à son
introduction sur Alternext.
L'analyste de Natixis a également souligné le risque pris par les
sociétés comme AB Science, dont le modèle repose sur une seule
molécule. "En cas de résultats décevants sur une des indications
proposées pour le produit, la réaction du titre en Bourse peut être
brutale", a-t-il indiqué à Dow Jones Newswires.
AB Science n'a pas encore dévoilé les modalités de son introduction
en Bourse, qui pourrait être annoncée dès cette semaine, selon une
source de marché. A l'issue de la dernière augmentation de capital
réalisée par la société en juin 2009, sa capitalisation était de
350 millions d'euros. Les sept cofondateurs détiennent actuellement
53% du capital, dont 43% pour le seul Alain Moussy.
L'introduction en Bourse d'une part minoritaire du capital sur le
compartiment B d'Euronext "devrait arriver rapidement désormais", a
déclaré A.Moussy à Dow Jones Newswires, sans préciser le montant de
l'opération. Selon les chiffres communiqués par AB Science, la
société aurait besoin d'environ 20 millions d'euros pour financer
ses études de phase 2, ses trois études actuellement en phase 3
étant déjà financées.
En plus de cette augmentation de capital, les actionnaires actuels
d'AB Science céderont certains de leurs titres afin d'augmenter le
nombre d'actions en circulation, a ajouté A.Moussy.
L'originalité du masitinib est de viser des pathologies aussi bien
humaines qu'animales. Il est d'ailleurs commercialisé depuis
septembre 2009 en médecine vétérinaire pour certains cancers du
chien.
La nature de la molécule, un "inhibiteur de protéines kinases" qui
agit sur la régulation de l'activité cellulaire, la rend
transposable chez l'homme, a expliqué A.Moussy.
En 2009, AB Science a réalisé la quasi-totalité de son chiffre
d'affaires de 316.000 euros grâce à cet usage vétérinaire de sa
molécule. Cette application "a le profil pour atteindre le statut
de blockbuster d'ici quelques années", a indiqué A.Moussy, tout en
précisant qu'en médecine vétérinaire, un médicament phare génère
seulement 50 à 100 millions d'euros de chiffre d'affaires
annuel.
En médecine humaine en revanche, le développement de la molécule
nécessitera encore plusieurs années, même si les recherches en
cours atteignent leurs objectifs. "Nous attendons les résultats
d'une première étude de phase 3 au second semestre 2011, sur le
cancer du pancréas. Ensuite, les résultats de phase 3 se
succéderont au rythme d'un ou deux par an", a estimé le PDG d'AB
Science.
-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 72;
thomas.varela@dowjones.com
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