Les mesures avancées à gauche comme à droite en faveur du logement pourraient stimuler en amont le secteur de la construction. Mais d'autres relais de croissance seront nécessaires pour compenser le ralentissement de l'activité attendu en 2012.



Les propositions des candidats à la présidentielle ont pour objectif de résorber le déficit d'habitations en France, estimé à environ 900.000 unités, en favorisant le logement social, la rénovation de bâtiments ou la libération de terrains.



Nicolas Sarkozy et le socialiste François Hollande, donnés gagnants au premier tour par les sondages, prônent une augmentation du 20% à 25% du taux de logements sociaux que les communes ont l'obligation de construire.



Le président sortant a déjà fait voter une loi permettant, pendant trois ans, d'augmenter de 30% les droits à construire des habitations, tandis que son concurrent a proposé que l'Etat mette gratuitement des terrains à la disposition des collectivités locales à la condition d'y construire de nouveaux logements. Il s'est également engagé à permettre la rénovation thermique d'un million de logements par an.



Ces mesures pourraient soutenir l'activité de construction en France, qui risque de subir un coup de frein cette année.



Selon la société de Bourse Exane, le groupe de BTP Eiffage (FGR.FR) et le cimentier Vicat (VCT.FR) figurent parmi les plus exposés à une reprise de la construction neuve, tandis que les spécialistes des matériaux de construction Imerys (NK.FR) et Saint-Gobain (SGO.FR) notamment bénéficieraient de la rénovation du bâtiment existant.



Mais dans tous les cas, ces mesures seront insuffisantes pour compenser le durcissement de la conjoncture en Europe. Qu'il soit de gauche ou de droite, le nouveau président devra probablement prévoir un programme d'austérité pour permettre à la France d'assainir ses finances.



"Quel que soit le prochain président, la problématique de l'endettement sera toujours là et on ne s'attend pas à de lancements de grands programmes de dépenses publiques dans le secteur", souligne Stanislas Duquesnoy, analyste senior à l'agence d'évaluation financière Moody's.



En 2012, le secteur du bâtiment en France devrait perdre 35.000 emplois et enregistrer un repli de 1,9% de son activité, estime la Fédération française du bâtiment (FFB), en raison de la faiblesse de la croissance, de la contraction du crédit et des plans de rigueur. L'an dernier, l'activité avait progressé de 1,2%.



Le rabotage de certaines aides, comme le dispositif Scellier d'incitation à l'investissement locatif, a déjà pénalisé les ventes de logements neufs.



Selon la Fédération des promoteurs immobiliers, elles devraient baisser de 15% en 2012, à environ 85.000 unités, exposant directement des entreprises comme Nexity (NXI.FR), Icade (ICAD.FR) ou Kaufman & Broad (KOF.FR).



Les travaux publics tourneront également au ralenti, marqués par la baisse de régime des collectivités locales, qui représentent 70% des donneurs d'ordre et peinent à accéder au crédit. Cette situation est exacerbée par le démembrement de la banque Dexia (DEXB.BT), qui était spécialisée dans le financement de ces entités.



Les travaux publics avaient enregistré une progression de 5,3% en euros courants en 2011, selon l'assureur-crédit Coface.



"Les collectivités locales veulent en priorité maintenir les équipements existants plutôt que de consentir de nouveaux investissements", explique Guy Gilbert, professeur de sciences économiques à l'Ecole normale supérieure de Cachan.



"Leurs investissements, qui se sont élevés à 45 milliards d'euros en 2010, devraient baisser de 15% par an, soit d'environ 7 milliards chaque année", a-t-il ajouté. "La tendance, qui s'est amorcée en 2011, devrait perdurer jusqu'en 2015".



Les constructeurs et fabricants de matériaux de construction trouveront plus probablement leur bonheur dans les pays émergents, qui "bénéficient d'une vive activité du fait du retard de développement à combler", souligne Coface. Les Etats-Unis, en pleine convalescence, offrent également des opportunités de croissance pour des entreprises comme Lafarge (LG.FR) ou Saint-Gobain, selon Stanislas Duquesnoy.



-Martine Pauwels, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 69; martine.pauwels@dowjones.com



(Inti Landauro a contribué à cet article)

Icade (EU:ICAD)
Historical Stock Chart
From Jun 2024 to Jul 2024 Click Here for more Icade Charts.
Icade (EU:ICAD)
Historical Stock Chart
From Jul 2023 to Jul 2024 Click Here for more Icade Charts.