Saint-Gobain ferait mieux de renoncer à son opération sur Sika - DJ Plus
January 26 2015 - 10:30AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Saint-Gobain (SGO.FR) ferait mieux de renoncer à la prise de
contrôle du groupe suisse Sika (SIK.VX) plutôt que de persister à
mener une opération qui fait l'unanimité contre le groupe de
matériaux de construction français.
Telle qu'elle est structurée, la prise de contrôle de Sika
rencontre l'opposition de la direction du groupe suisse, d'une
partie de son conseil d'administration et d'actionnaires
minoritaires cumulant 35% du capital.
Ceux-ci sont en droit de se considérer comme les
laissés-pour-compte de l'opération. Saint-Gobain veut prendre le
contrôle de Sika en ne rachetant que les parts de sa famille
Burkard, qui contrôle 52,4% des droits de vote avec seulement 16,1%
du capital. Selon la législation suisse, le groupe français
n'aurait pas à lancer d'offre publique d'achat sur Sika. En France,
il aurait été contraint par la réglementation de proposer les mêmes
conditions de rachat aux actionnaires minoritaires de sa cible.
Quoi qu'il en soit, l'opération est mal engagée. Le conseil
d'administration de Sika a fait part lundi de son intention de
limiter à 5% les droits de vote de la famille Burkard, conformément
aux statuts de la société. La famille Burkard avait jusqu'à présent
été exemptée de cette limitation parce qu'elle avait fondé le
groupe et s'était engagée à le protéger contre les tentatives de
rachats hostiles.
Mise à exécution, la décision du conseil ôterait au rachat des
parts de la famille Burkard tout intérêt pour Saint-Gobain. Après
l'annonce du conseil de Sika, la banque Helvea-Baader a d'ailleurs
estimé que la prise de contrôle du spécialiste suisse de la chimie
de construction avait désormais 70% de probabilité d'échouer,
contre 40% auparavant.
Contactée par Dow Jones Newswires, la société n'a pas été en mesure
de faire un commentaire dans l'immédiat.
Des risques opérationnels réels
Mais il ne s'agit pas seulement de respect de la loi, ou de
probabilité. Même si la transaction avec la famillle Burkard avait
lieu, l'incapacité de Saint-Gobain à rallier la direction de Sika
pourrait priver sa cible d'éléments ayant joué un rôle clef dans
son succès.
La résistance du management et du conseil d'administration de Sika
sont logiques, si l'on considère qu'ils sont là pour défendre
l'intérêt de tous les actionnaires du groupe, et pas seulement ceux
de la famille Burkard, qui ne détient plus que 16,1% du
capital.
La façon dont Saint-Gobain semble avoir abordé l'opération est
d'autant plus surprenante que le groupe a lui-même vécu une
situation similaire. En 2007, il avait dû faire face à l'irruption
de Wendel (MF.FR) dans son capital, à hauteur de plus de 15%, ce
qui avait entraîné de fortes tensions avec la société
d'investissement. Leur relation n'a été réellement pacifiée qu'en
2011, via la signature d'un pacte d'actionnaires.
Une prise de contrôle de Sika serait certes pertinente d'un point
de vue stratégique. Elle permettrait à Saint-Gobain d'accroître son
exposition à des métiers à plus forte valeur ajoutée et à des zones
géographiques en plus forte croissance. Mais le groupe est prêt
pour cela à payer la participation de la famille Burkard au prix
fort. D'après ses propres estimations, l'opération ne serait
créatrice de valeur qu'à partir de la quatrième année.
Face à la montée des risques entourant l'opération, le groupe
ferait mieux de reconnaître qu'il a mieux à faire de l'argent de
ses actionnaires.
- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71;
ambroise.ecorcheville@wsj.com
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