La crise de la viande de cheval a permis à Eurofins Scientific (ERF.FR) de faire valoir son expertise en matière de tests ADN pour identifier les viandes présentes dans les plats préparés. Mais l'impact financier de ce scandale, sans être insignifiant, restera limité à court terme.



L'enjeu essentiel pour le groupe d'analyses, qui réalise 40% de son chiffre d'affaires dans l'agroalimentaire, est de parvenir à profiter des tendances structurelles qui renforceront la demande pour les tests alimentaires dans les prochaines années.



Selon le PDG d'Eurofins, Gilles Martin, le récent scandale sanitaire autour de la viande de cheval pourrait déclencher à court terme un afflux de nouvelles analyses représentant environ 1% du chiffre d'affaires, soit 10 à 15 millions d'euros sur une base annuelle.



A plus long terme, ce scandale pourrait déboucher sur un durcissement de la réglementation. Mais Eurofins estime que ses perspectives de croissance ne dépendent pas de ce type de mesures, qui font certes s'envoler le nombre d'analyses en volume mais s'accompagnent également d'une baisse concomitante - et drastique - des prix.



Quelle que soit l'issue du scandale des lasagnes, et des nouvelles affaires de viande avariée ou de poissons mal étiquetés, le groupe a tout à gagner de la volonté des industriels de regagner la confiance des consommateurs. Dans une économie mondialisée aux chaînes d'approvisionnement complexes, les besoins de traçabilité et d'authentification des produits sont appelés à se renforcer. Et à s'étendre aux pays émergents qui avaient tendance à limiter les tests alimentaires aux marchandises destinées à l'export.



Des prévisions à moyen terme ambitieuses



Ces tendances porteuses, qui vont au-delà d'un scandale ponctuel, expliquent en partie le doublement du chiffre d'affaires, à 2 milliards d'euros, anticipé par Eurofins à l'horizon 2017. Mais pour atteindre cet objectif, le groupe devra investir 500 millions d'euros sur cinq ans dans ses laboratoires et consacrer 500 millions d'euros supplémentaires à des acquisitions (qui devraient lui apporter un chiffre d'affaires équivalent).



Au-delà des résultats satisfaisants dégagés en 2012, malgré un tassement des marges et des charges de restructuration, la situation financière d'Eurofins lui permettra de réaliser ces investissements: avec un endettement représentant 1,7 fois l'Ebitda et des covenants bancaires fixant la limite à 3,5, le groupe a encore la possibilité d'augmenter sa dette d'environ 300 millions d'euros. En 2012, Eurofins a par ailleurs dégagé un cash flow disponible stable de 37 millions d'euros.



Dans cette situation, les investisseurs seront particulièrement attentifs à la capacité d'Eurofins à bien gérer sa croissance, alors que les vagues d'acquisitions successives réalisées depuis plus de 20 ans s'accompagnent généralement d'une baisse temporaire de la rentabilité. Pour réussir à restructurer les laboratoires rachetés, Eurofins devra également limiter les conflits sociaux, après les difficultés rencontrées avec les syndicats français lors du rachat de l'Institut pasteur de Lille.



Une action déjà bien valorisée



Selon les analystes, il reste difficile d'évaluer l'apport des acquisitions envisagées à la rentabilité du groupe. Si Jefferies a relevé mardi son objectif de cours de 140 à 200 euros, Oddo se montre plus prudent (avec un objectif de 150 euros), tout en estimant que les projets d'acquisitions pourraient justifier un prix de 170 euros.



Mardi en début d'après-midi, l'action Eurofins gagnait 0,9% à 162,55 euros.



Après un bond de 140% au cours des 12 derniers mois, le titre a déjà fortement profité du contexte favorable à ses activités de contrôle de l'industrie agroalimentaire et des produits pharmaceutiques. Gilbert Dupont a ainsi décidé mardi d'abaisser sa recommandation à "vendre" en estimant que le cours actuel reflétait les perspectives du groupe à moyen terme.



Si les crises sanitaires mettent en lumière les atouts d'Eurofins, elles pourraient aussi provoquer certaines déceptions, en faisant naître des attentes disproportionnées.



-Thomas Varela, Dow Jones Newswires: +33 (0)1 40 17 17 72; thomas.varela@dowjones.com

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