CA Carrefour

Dimitri Delmond,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Casino rechute. L'action du distributeur accuse la plus forte baisse de l'indice SBF 120 lundi après l'avertissement émis sur les performances de ses enseignes en France. Vers 16h00, le titre abandonnait 15,4%, à 19,2 euros.

Casino, qui publiera ses résultats le 25 février, estime que l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) de ses activités de distribution dans l'Hexagone a baissé de 1,7% l'an passé, à environ 1,28 milliard d'euros. En novembre, Casino tablait encore sur une progression de l'Ebitda de ses enseignes de distribution en France en 2021, dont le montant était attendu à 1,42 milliard d'euros par les analystes, selon le consensus réalisé par Vara Research.

"Le quatrième trimestre 2021 a été marqué en France par un marché conjoncturellement en retrait, dans des proportions plus fortes qu'attendues, avec une évolution du marché de la distribution alimentaire de -3,7% au niveau national et -5,6% en Ile de France", a expliqué Casino dans un bref communiqué envoyé tard vendredi soir.

La menace du "quick commerce"

Cet argumentaire ne convainc pas les analystes. Evoquer l'évolution du marché français pour justifier les difficultés du groupe est réducteur. Ses problèmes sont structurels et multiformes: la politique tarifaire de Casino est questionnée par le marché. "En n'ayant pas assez baissé ses prix ou en les rehaussant plus tôt que ses concurrents, le groupe a fait fuir les clients de tous ses formats de magasin, des hypermarchés aux enseignes de proximité", observe un analyste basé à Paris.

Dans ce contexte, l'essor des spécialistes du "quick commerce", capables de livrer des courses en moins de 15 minutes, est dramatique pour la fréquentation des magasins franciliens du groupe. Le distributeur reste d'ailleurs surexposé à la région parisienne, où la rareté des touristes lui est préjudiciable.

Autre problème, le groupe ne dispose pas assez de "drives" rattachés à ses supermarchés ou hypermarchés, souligne Bryan, Garnier & Co. L'intermédiaire financier prévoit à présent une baisse de 3,8% du chiffre d'affaires des enseignes de Casino en France au quatrième trimestre du dernier exercice, contre une diminution de 0,4% attendue précédemment et un repli de 1,5% estimé pour Carrefour.

Cruelle comparaison à Carrefour

Pour Bryan, Garnier & Co, la sous-performance de Casino par rapport à son seul concurrent coté à la Bourse de Paris est d'autant plus décevante que le distributeur stéphanois promet à chaque trimestre un retour à la croissance au trimestre suivant... Les investisseurs réservent un sort bien différent aux deux titres. Au cours des douze derniers mois, l'action Carrefour a gagné 21% quand celle de Casino a perdu 31%.

A la fin 2021, Casino avait profité de la hausse généralisée des valeurs de la distribution, le secteur ayant fait office de refuge alors que se propageait le variant Omicron et que les doutes du marché vis-à-vis de la Tech grandissaient. Le titre avait ainsi bondi de plus de 15% en décembre. L'avertissement lancé par Casino a donné un prétexte à des investisseurs peu enclins à conserver le titre sur le long terme, dans un contexte où tout faux pas est fortement sanctionné en ce volatil début d'année.

Après cette alerte, les investisseurs devront davantage tenir compte "des défis existentiels du groupe", appuie Jefferies. D'autant que "le cercle vicieux de la priorité au désendettement, des pertes de parts de marché et des marges de trésorerie sous pression risque de s'accélérer encore", ajoute l'intermédiaire financier.

Si Invest Securities déplore les "incertitudes" planant sur le titre, les opérateurs de marchés sont sûrs que l'année 2022 promet d'être difficile pour Casino et vraisemblablement pour ses actionnaires.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: ECH

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January 31, 2022 10:05 ET (15:05 GMT)

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