QUÉBEC, le 21 juin 2024 /CNW/ - La ministre
responsable de l'Action communautaire et de la Solidarité sociale,
Chantal Rouleau, vient de déposer le
4e plan d'action gouvernemental en matière de lutte
contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Pour le Collectif pour
un Québec sans pauvreté, il s'agit sans contredit du plus
insignifiant des quatre plans d'action qui ont été adoptés depuis
2004 et il invite la ministre à
retourner faire ses devoirs.
« Les 750 millions $ prévus sur cinq ans dans le
plan d'action déposé aujourd'hui représentent quatre fois moins
d'argent que les 3 milliards prévus pour le 3e plan
d'action, souligne le porte-parole du Collectif, Serge Petitclerc. Qui plus est, l'exercice de
recyclage auquel s'est livrée la ministre Rouleau ne trompe
personne. Nous pouvons saluer la belle créativité dont elle a fait
preuve pour amalgamer des mesures de ministères autres que le sien
et n'offrant bien souvent qu'un lien diffus avec la lutte contre la
pauvreté. Mais il reste qu'au final, le résultat demeure
grossièrement inconsistant, voire incohérent.
« Il est inadmissible, par exemple, que le plan d'action ne
prévoie aucune cible d'amélioration du revenu pour les personnes
assistées sociales et les travailleurs et travailleuses pauvres,
tel que le prescrit la Loi visant à lutter contre la pauvreté et
l'exclusion sociale. Serait-il possible que la ministre soit
gênée de son travail? Il nous semble révélateur qu'elle ait décidé
de ne pas se présenter devant les médias pour défendre son plan
d'action, se contentant de le mettre discrètement en ligne sur le
site de son ministère. Visiblement, elle ne voulait pas faire de
publicité autour de l'événement. Et nous la comprenons! »
Des mesures qui ratent la
cible
Comme le rappelle Serge
Petitclerc, « les trois premiers plans d'action
gouvernementaux, même s'ils n'ont permis que de timides avancées,
ont au moins assuré la mise en œuvre de certaines mesures
structurantes comme le Soutien aux enfants, le Crédit d'impôt pour
solidarité et le Programme de revenu de base. Pourquoi n'avons-nous
même pas droit à une telle mesure dans le 4e plan de lutte
contre la pauvreté?
« Le Collectif l'a répété sur toutes les tribunes :
pour lutter contre la pauvreté, il faut commencer par assurer un
meilleur revenu aux gens. Tout le monde, au Québec, devrait
minimalement disposer d'assez d'argent pour couvrir ses besoins de
base. C'est une simple question de respect des droits et de la
dignité des gens! Et quelle est la seule mesure que prévoit le plan
d'action gouvernemental pour améliorer le revenu des gens?
« Réponse : un « supplément de revenu de
travail » qui permettra aux personnes aux programmes d'Aide
sociale et de Solidarité sociale de conserver 10 % de
leurs gains de travail qui excèdent les revenus de travail permis.
Par exemple, une personne arrivant à travailler 4 heures par
semaine pourrait disposer d'un revenu supplémentaire de 7,30 $
au bout du mois. Une mesure ridicule et insultante, qui ne concerne
actuellement qu'environ 1 % des personnes assistées
sociales.
« Au lieu de mettre de l'argent dans les poches des
personnes en situation de pauvreté, le gouvernement fait le choix
de rendre leur situation un peu plus supportable avec des mesures à
courte vue. Par exemple, on ne peut pas être contre les dizaines de
millions destinés à soutenir les services d'aide alimentaire, mais
cela ne contribue en rien à faire reculer la pauvreté. En fait,
avec ce financement, le gouvernement semble vouloir pérenniser ce
type de dépannage d'urgence, comme si la faim était devenue une
fatalité au Québec. »
Refaire ses devoirs
« Difficile d'imaginer scénario plus révoltant! poursuit
Serge Petitclerc. Force est de
constater qu'on s'est carrément fait niaiser par la ministre
Rouleau. Pourquoi se targue-t-elle d'avoir rencontré plus de 500
organismes communautaires depuis le début de son mandat? Pourquoi
a-t-elle organisé une consultation publique en vue du 4e
plan de lutte contre la pauvreté? Pourquoi nous a-t-elle assuré
qu'elle avait compris notre message si c'est pour nous livrer un
plan de lutte contre la pauvreté d'une telle insignifiance?
« Ce gouvernement n'en finit plus d'afficher son
indifférence à l'égard des personnes en situation de pauvreté. Il
est capable de sortir des milliards de sa poche pour financer des
projets électoralistes ou, à l'inverse, de se priver d'autres
milliards pour baisser les impôts mais, quand vient le temps
d'améliorer les conditions de vie des centaines de milliers de
personnes qui peinent à manger à leur faim ou à se loger
convenablement, il ne lui reste que des miettes.
« On a beau tourner et retourner dans tous les sens le plan
d'action qu'elle vient de déposer la ministre Rouleau, une seule
conclusion s'impose : elle doit faire amende honorable et
retourner faire ses devoirs. »
SOURCE Collectif pour un Québec sans pauvreté