L'Amérique de Trump devrait rester une terre promise pour les M&A - Market Blog
December 16 2016 - 9:12AM
Bourse Web Dow Jones (French)
En cette fin d'année 2016, l'heure est au bilan et aux
perspectives chez les professionnels du conseil en
fusions-acquisitions. Avec une question qu'ils ne se posaient pas
il y a encore quelques semaines : la victoire inattendue de Donald
Trump à l'élection présidentielle va-t-elle rendre le marché
américain des M&A (mergers and acquisitions) moins ouvert,
moins facile qu'il ne l'était jusqu'à présent ?
Cette interrogation est légitime car, durant sa campagne
électorale, le futur hôte de la Maison-Blanche n'a pas fait mystère
de son hostilité aux méga-transactions, ni de ses velléités de
déréglementer certains secteurs d'activité, comme la santé et la
finance, ce qui pourrait modifier leurs perspectives de croissance.
Surtout, celui qui n'était alors que le candidat républicain à la
présidence des Etats-Unis n'a rien dissimulé de ses tentations
protectionnistes.
"Donald Trump s'est dit partisan de "l'Amérique d'abord", du "made
in America", et de la renégociation de certains traités de
libre-échange. Si les Etats-Unis devenaient davantage
protectionnistes, cela pourrait entraver les fusions-acquisitions
transfrontalières", estime Mikala Vidal, de la société de recherche
Intralinks.
Des acquisitions aux USA pour un leadership mondial
Or les entreprises étrangères, et notamment les groupes français,
sont devenus friands d'opérations de croissance externe aux
Etats-Unis, afin d'acquérir ou de maintenir une position de leader
mondial, dans le cadre de la globalisation croissante de
l'économie. En témoigne le rachat de WhiteWave par Danone en
juillet, pour 12,5 milliards de dollars (12 milliards d'euros), la
plus importante acquisition du groupe français d'agroalimentaire
depuis près de dix ans. En acquérant le numéro un américain des
produits laitiers bio, le leader mondial des yaourts s'est renforcé
sur un segment en très forte croissance, soutenu par les nouvelles
tendances de consommation, tout en doublant de taille aux
Etats-Unis, avec une part de marché portée de 11% à 22%.
Quelques mois plus tôt, Air Liquide était redevenu le numéro un
mondial des gaz industriels grâce au rachat de l'Américain Airgas,
pour 13,4 milliards de dollars (12,9 milliards d'euros). Plus
récemment, le groupe pharmaceutique Sanofi a tenté de racheter,
pour 9 milliards d'euros environ, la biotech américaine Medivation,
qui lui a finalement été soufflée en août par Pfizer. Le
spécialiste français de la restauration collective Elior est en
revanche parvenu à mettre la main sur son homologue américain
Preferred Meals, ce qui a permis de se renforcer sur le marché des
maisons de retraite et de pénétrer celui de l'enseignement aux
Etats-Unis.
Les Etats-Unis préférés aux marchés émergents
"Il n'y a pas si longtemps, les pays émergents étaient considérés
comme la principale zone de croissance. Mais beaucoup d'entreprises
ont pris conscience de la difficulté à procéder à des acquisitions
sur ces marchés, et se reportent désormais sur les Etats-Unis, qui
présentent généralement moins de risques pour l'exécution des
transactions tout en offrant des perspectives tangibles de
croissance", explique Arnaud Bouyer, co-responsable de la division
de banque d'affaires de Morgan Stanley en France.
Sur les neuf premiers mois de l'année, les annonces de rachats de
sociétés américaines ont ainsi représenté un total de 1.000
milliards de dollars, soit 41,7% du marché mondial des
fusions-acquisitions, selon les données de Thomson Reuters. A titre
de comparaison, les acquisitions d'entreprises asiatiques et de
sociétés européennes ont respectivement pesé 27% et 21% du marché
mondial des M&A, sur la même période.
Depuis l'élection de Donald Trump, "l'appétit de nos clients
français qui envisagent des opérations de croissance externe aux
Etats-Unis en 2017 n'a pas diminué. Mais le temps de gestation des
transactions pourrait être plus long, compte tenu de la nécessité
croissante de réfléchir très en amont, notamment à leurs
implications politiques et sociales", reconnaît Arnaud Bouyer.
Morgan Stanley continue donc de penser que les Etats-Unis
représenteront un terrain porteur pour le marché des
fusions-acquisitions au cours des prochaines années.
James West, associé au sein du cabinet d'avocats Mayer Brown,
partage ce point de vue : "Donald Trump est un homme d'affaires
rompu aux fusions-acquisitions. On peut donc imaginer que sa
philosophie du business finira par l'emporter lorsqu'il sera à la
Maison-Blanche. Dans le contexte des M&A internationales, il
est possible qu'il se montre favorable au rachat d'actifs
américains par des entreprises étrangères s'il juge que cela
permettra de sauvegarder des emplois aux Etats-Unis ou de renforcer
l'économie du pays."
Le président-élu ayant nommé des dirigeants d'entreprise comme le
patron d'Exxon Mobil et un ancien de Goldman Sachs à des postes
clés de sa future administration, il est permis d'espérer que son
sens des affaires prendra le pas sur ses tentations
protectionnistes.
-Christine Lejoux, Dow Jones Newswires ; 33 (0)1 41 27 48 14 ;
christine.lejoux@dowjones.com ed : ECH
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