Le géant de la recherche sur Internet Google Inc. (GOOG) a entraîné ses actionnaires dans une folle aventure depuis son entrée en Bourse il y a cinq ans.



Tout semble aller pour le mieux depuis novembre - l'action a pris 80%- , et beaucoup s'attendent à ce que cette période faste continue, même si Microsoft Corp (MSFT) et Yahoo INC. (YHOO) se sont alliés pour disputer sa suprématie au numéro un mondial.



Trois tendances devraient profiter à Google: l'économie américaine se stabilise, les perspectives du site de partage de vidéos YouTube sont favorables et le géant américain a deux ans pour consolider sa position pendant que Microsoft et Yahoo mettent au point leur alliance complexe.



Le mois dernier, le directeur général de Google, Eric Schmidt, a laissé entendre que l'activité du groupe s'était "stabilisée" au deuxième trimestre, ce qui laisse penser que le marché de la publicité par moteur de recherche a atteint un plancher. Les prix de ce type de publicité ont par ailleurs enregistré une hausse de 5% d'un trimestre sur l'autre, ce qui indique que les agences publicitaires se remettent à dépenser.



Dans un note publiée la semaine dernière, l'analyste Mark Mahaney de Citigroup a mis l'accent sur l'amélioration observée au niveau de la demande et des prix dans la publicité par moteur de recherche, une tendance qui profite surtout à Google, qui domine le marché américain avec une part de 65%. L'analyste a un objectif de cours de 580 dollars pour Google.



La direction de Google a également revu en hausse ses prévisions concernant YouTube, le site de partage de vidéos en ligne qu'il a racheté pour 1,65 milliard de dollars en 2006. Google a déclaré que les sociétés plaçaient de plus en plus d'annonces publicitaires sur la page d'accueil de YouTube, permettant ainsi au groupe de monétiser des milliards de visionnages de vidéos de partenaires chaque mois, soit près du triple par rapport à l'année passée.



Mercredi, le groupe a franchi une étape supplémentaire vers la rentabilisation de YouTube en signant un accord qui permettra au site d'héberger des émissions de télévision et des films de Time Warner Inc. (TWX). Cet accord prévoit également un partage des recettes publicitaires entre les deux groupes.



"Les investisseurs voulant posséder des actions d'un leader de marché sur le point de renouer avec la croissance - qui est aussi raisonnablement valorisé par rapport à ses fourchettes de fluctuation historiques - pourraient voir un point d'entrée attrayant", estime Colin Gillis, analyste chez Brigantine Advisors, qui a récemment relevé son objectif de cours sur le titre de 445 à 600 dollars.



L'action Google a clôturé à 443,9 dollars mercredi soir.



Il est certain que Google pourrait souffrir d'une reprise mal assurée et d'une rechute de l'activité économique aux Etats-Unis après une période d'embellie.



Le groupe n'a pas souhaité fournir de commentaire.



L'optimisme suscité par Google se reflète dans sa valorisation. Le titre se négocie selon un ratio cours sur bénéfice de 20,5 fois les résultats estimés pour l'exercice en cours, ce qui est mieux que bon nombre de ses concurrents, y compris Microsoft, dont le ratio se situe à environ 14, selon FactSet.



Jeetil Patel, analyste chez Deutsche Bank, a estimé dans une note le mois dernier que la prime offerte par l'action Google était justifiée compte tenu de l'anticipation d'une croissance de 17% du bénéfice annuel, contre, 10% en moyenne pour ses pairs. L'analyste a ajouté que la valorisation de Google était encore relativement basse au vu de la performance passée du titre et du niveau record du ratio cours sur bénéfice.



Bien sûr, le pacte conclu entre Microsoft et Yahoo pourrait entraver la progression de Google. Yahoo, numéro deux du marché de la recherche sur Internet, remplace sa technologie par le moteur de recherche Bing de Microsoft. Ce partenariat est destiné à donner à Microsoft, actuellement numéro trois du marché, plus de poids pour concurrencer Google. De nombreux analystes s'attendent toutefois à ce que le processus d'intégration de deux ans des deux groupes donne à Google l'occasion de renforcer sa position de leader dans la publicité par moteur de recherche, qui représente 97% de son chiffre d'affaires, et de rattraper son retard dans la publicité par bannière ("display"), un marché sur lequel le groupe est encore à la traîne par rapport à Yahoo.



Signe que Google n'a pas l'intention de rester sans rien faire, le groupe a indiqué la semaine dernière qu'il développait actuellement une technologie de nouvelle génération. Il a indiqué que ce projet repousserait les limites du possible en termes de taille, de vitesse d'indexation, d'exactitude, et d'exhaustivité de son moteur de recherche.



-Scott Morrison, Dow Jones Newswires