Prudents, Nissan et Toyota pourraient mieux s'en tirer que GM et Ford - Plus Inter
May 13 2022 - 6:50AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Stephen Wilmot,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Toyota et Nissan ont lancé davantage de
signaux d'avertissement que leurs concurrents américains pour
l'exercice à venir. Or les investisseurs ne devraient pas s'y
tromper : les constructeurs japonais semblent mieux armés pour
surmonter les obstacles qui s'annoncent.
Nissan a indiqué tabler sur un résultat opérationnel de 250
milliards de yens, soit environ 1,86 milliard d'euros, pour
l'exercice qui se terminera en mars 2023, en ligne avec celui
enregistré au titre du dernier exercice. Les prévisions des
analystes s'élevant pour l'heure à 316 milliards de yens en
moyenne, selon FactSet, elles risquent donc d'être revues à la
baisse. L'annonce de jeudi est intervenue après la clôture de la
Bourse de Tokyo mais le titre a perdu 2,9% vendredi. De son côté,
Renault, qui détient 43% de Nissan, a vu son titre décrocher
d'environ 7% en séance jeudi à Paris pour finalement clôturer en
repli de de 2,3%. Le titre du constructeur français rebondit de 4%
vendredi.
Toyota a donné mercredi des perspectives baissières du même ordre,
déclenchant une mouvement de vente sur le titre. Les deux
constructeurs automobiles ont beaucoup évoqué les difficultés qui
s'annoncent en raison de la hausse des prix des matières premières.
C'est un sujet qui a également été mis en avant de façon récurrente
lors de la publication des résultats des constructeurs américains,
avec toutefois une différence notable : General Motors et Ford ont
laissé entendre qu'ils pourraient compenser cet obstacle en
augmentant le prix de leurs véhicules. Les prévisions de Nissan et
Toyota ne semblent pas tenir compte de telles hausses de prix.
L'explication la plus plausible à cet écart de traitement tient
sans doute à la prudence des groupes japonais, à la fois en ce qui
concerne les prévisions données qu'en ce qui concerne les
éventuelles hausses de prix de leurs produits. Lorsque certains
analystes auront consciencieusement abaissé leurs propres
prévisions pour s'aligner sur celles des entreprises, les
investisseurs pourraient vouloir rouvrir le dossier.
La situation présente en effet quelques ressemblances avec la
période 2004-2006, lors de laquelle les groupes japonais avaient
bien mieux résisté que leurs concurrents américains, note Mio Kato,
spécialiste des constructeurs nippons sur la plateforme de
recherche Smartkarma.
Faiblesse du yen
L'une d'entre elles est la faiblesse du yen, qui a plongé au cours
des dernières semaines à un point bas en vingt ans face au dollar,
la Réserve fédérale ayant relevé ses prévisions de relèvements de
taux bien plus rapidement que la Banque du Japon. Cette situation
donne un avantage à l'industrie japonaise : les constructeurs
s'approvisionnent en pièces détachées directement au Japon même
lorsque l'assemblage est réalisé aux Etats-Unis et en Europe. Ils
devraient donc être en mesure d'augmenter les prix moins sévèrement
que leurs concurrents tout en conservant leurs marges.
Autre élément : la hausse des prix de l'essence qui, dans les
premières années du nouveau millénaire, avait poussé les
consommateurs vers des modèles plus petits et moins gourmands en
carburant, comme la Toyota Prius. La tendance actuelle favorise
plutôt les gros modèles, notamment aux Etats-Unis, et il semble peu
probable qu'elle s'inverse complètement, mais les hybrides
essence-électrique et les petits SUV - deux spécialités des
constructeurs japonais - pourraient gagner en popularité avec
l'assouplissement progressif de la crise actuelle de l'offre. De
manière générale, les modèles les moins chers se vendront sans
doute mieux à mesure que les taux d'intérêt augmenteront, là encore
comme en 2004.
Toyota et Nissan ont tous deux leurs propres difficultés à
surmonter, mais les investisseurs ne devraient pas trop prendre
pour argent comptant les seuils assez bas que ces derniers se sont
fixés pour leur nouvel exercice. Si la situation se révèle aussi
difficile que l'impliquent leurs prévisions, elle sera sans doute
plus dure encore pour les géants de Detroit.
-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal
(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH
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May 13, 2022 06:30 ET (10:30 GMT)
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