MONTRÉAL, le 19 juin 2024 /CNW/ - Les pénuries
de main-d'œuvre qui faisaient les manchettes au sortir de la
pandémie semblent bien derrière nous alors que le nombre de postes
à pourvoir dans l'économie québécoise se rapproche rapidement du
niveau observé en 2019. Cependant, il est probable que cette
accalmie soit de courte durée et que les difficultés de recrutement
refassent surface. C'est ce que révèle l'analyse Regard sur les
postes vacants publié par l'Institut du Québec, qui fait le
point sur les données du premier trimestre de 2024 rendues
publiques cette semaine.
Les pénuries de main-d'œuvre
s'atténuent…
« À la veille de la pandémie, on
qualifiait déjà de pénurie de main-d'œuvre le resserrement du
marché du travail causé par une économie en croissance et des
départs massifs à la retraite de baby-boomers, rappelle
Emna Braham, directrice générale de
l'Institut du Québec. Après avoir connu une hausse marquée, avant
et pendant, la pandémie, le nombre de postes que les employeurs
québécois cherchent à pourvoir s'est graduellement amoindri depuis
le deuxième trimestre de 2022, pour atteindre 153 000 au
premier trimestre de 2024 ».
Alors qu'en 2019, ces difficultés de recrutement s'accentuaient,
elles s'estompent aujourd'hui en raison du ralentissement
économique et de l'arrivée de nombreux immigrants temporaires --
travailleurs, étudiants et demandeurs d'asile -- qui occupent
désormais des emplois qui ne trouvaient pas preneurs
auparavant.
Si les entreprises se réjouissent de cette baisse de postes
vacants qui atténue la concurrence sur le marché du travail et
facilite le recrutement, les travailleurs, quant à eux, ont perdu
en partie leur pouvoir de négociation. Cependant, les salaires
offerts pour combler les postes vacants correspondent davantage aux
attentes salariales des chercheurs d'emploi, ce qui pourrait
faciliter l'appariement avec des employeurs à la recherche de
candidats.
Des pressions qui persistent sur le marché de l'emploi,
surtout en santé
Cette amélioration ne signifie toutefois
pas que tous les secteurs soient à l'abri des pénuries de
main-d'œuvre. Certains postes demeurent encore difficiles à
pourvoir. En témoigne le rythme de croissance des salaires offerts
pour ces postes qui est actuellement près de deux fois plus rapide
(6,5 %) qu'en 2019 (3,8 %).
Sans surprise, le secteur des soins de santé et de l'assistance
sociale, qui inclut les services de garde, est celui qui est encore
le plus confronté aux pénuries de travailleurs. Avec 41 000
postes à pourvoir, ce secteur représente, à lui seul,
29 % de l'ensemble des besoins en main-d'œuvre au
Québec.
Les efforts consentis pour attirer et retenir des travailleurs
dans ce secteur ne semblent pas avoir suffi pour répondre à la
demande. Précisons également que l'arrivée d'immigrants temporaires
n'a pas permis de soulager les pénuries dans ce secteur où ils
restent sous-représentés.
Des difficultés de recrutement qui pourraient bien
resurgir
Avec la baisse de
l'activité économique observée au cours des deux dernières années,
de nombreuses entreprises, alors en recherche de travailleurs, ont
mis leurs intentions d'embauches sur pause. Cependant, comme tout
indique que l'économie québécoise reprendra le chemin de la
croissance dès la fin de l'année, il y a donc fort à parier que les
activités de recrutement reprennent.
Notons également que le nombre d'immigrants temporaires devrait
aussi s'atténuer au cours des prochaines années alors que les
gouvernements fédéral et provinciaux souhaitent en ralentir
l'accueil.
Ces phénomènes surviennent au moment où le Québec continue de
voir plus de travailleurs partir à la retraite qu'entrer sur le
marché du travail. Cette situation devrait perdurer bien après la
reprise économique et la fin du recul de l'immigration temporaire.
En fait, cette tendance s'observera jusqu'en 2030, les personnes en
âge de prendre leur retraite (60 à 69 ans) seront alors plus
nombreuses que celles qui amorcent leur carrière (20 à
29 ans).
Conformément à sa mission, l'Institut du Québec effectue une
veille assidue du marché de l'emploi au Québec. Chaque premier
vendredi du mois, il publie ses observations qu'il juge les plus
pertinentes sous forme de faits saillants. Cette analyse décortique
les plus récentes données de l'emploi et du chômage en mettant
l'accent sur la vigueur du marché du travail, mais aussi sur la
qualité des emplois. De plus, l'IDQ publie aussi chaque trimestre
son Regard sur les postes vacants ainsi que son
Bilan annuel de l'emploi en février.
Pour en savoir plus
Téléchargez Regard sur
les postes vacants - Premier trimestre
2024 : les pénuries de main-d'œuvre sont-elles derrière
nous?
À propos de l'Institut du Québec
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est un organisme à but non lucratif qui axe ses recherches et ses
études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait
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SOURCE Institut du Québec