Les restrictions sanitaires aggravent les difficultés du SBF 120 - DJ Plus
October 15 2020 - 11:50AM
Bourse Web Dow Jones (French)
François Schott et François Berthon,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--La seconde vague de l'épidémie de
coronavirus qui sévit en Europe donne des sueurs froides aux
marchés alors que débute la saison des résultats du troisième
trimestre.
A Paris, le CAC 40 a cédé près de 2% jeudi, en ligne avec la
plupart des autres indices européens. La mise en place d'un
couvre-feu dans certaines grandes villes de France à partir de
samedi avive les craintes des investisseurs internationaux sur la
reprise économique en France.
"Le marché est peut-être un peu surpris par la dureté des mesures
mais surtout par leur durée, avec une période envisagée de 6
semaines et peut être davantage. Il y a derrière la grande question
de la période de Noël", souligne Sébastien Korchia, responsable des
gestions collectives à UBS La Maison de Gestion.
"Il y a clairement un effet psychologique lié aux commentaires
d'Emmanuel Macron sur la nécessité de faire face au virus au moins
jusqu'à l'été prochain. Tous les secteurs qui peuvent être touchés
de près ou de loin par les effets collatéraux de la pandémie sont
pénalisés aujourd'hui", ajoute Simon Lechipre, analyste chez
MainFirst.
L'hôtellerie et les services aux entreprises en première ligne
L'hôtelier Accor a cédé environ 5%, tandis que les spécialistes de
la restauration collective Elior et Sodexo ont respectivement
abandonné 3% et 2,5%.
"Pour l'instant, les nouvelles restrictions annoncées cherchent à
éviter un arrêt complet de l'activité économique. Cependant, elles
pèsent naturellement sur le moral des consommateurs, l'activité des
services. En conséquence, il convient de rester à l'écart de tous
les secteurs les plus négativement affectés par le Covid, notamment
le secteur hôtelier et toutes les activités de services qui
gravitent autour, comme la restauration collective, et de tous les
services aux entreprises", prévient Harry Wolhandler, gérant chez
Amilton. Le groupe de blanchisserie industrielle Elis, dont le
titre a lâché 5% jeudi, a vu son cours reculer de 44% cette
année.
"Le couvre-feu pèsera sur la demande d'hôtellerie dite de loisirs
alors que c'est elle qui avait soutenu l'activité cet été.
Clairement les gens n'ont pas envie de venir passer un week-end à
Paris", renchérit Simon Lechipre.
Les secteurs qui souffraient déjà avant la crise sanitaire, comme
le commerce physique et l'automobile, pourraient être confrontés à
des difficultés encore plus grande, prévient Sébastien Korchia chez
UBS. Dans ce contexte, les publications trimestrielles et les
commentaires de dirigeants de groupes comme Casino, Carrefour,
Renault et Groupe PSA seront particulièrement suivis. Tout comme
les annonces des foncières commerciales, Unibail-Rodamco-Westfield
et Klépierre.
Le marché ne craint pas de fortes révisions
Pour autant, une partie des risques liés à la crise sanitaire
semblent être déjà intégrés, indiquent les analystes. Car après le
rebond d'activité observé cet été, la plupart des sociétés sont
restées très prudentes et n'ont pas fourni d'objectifs sur
l'ensemble de l'année.
"Je ne m'attends pas à de fortes révisions de consensus pour le
troisième et le quatrième trimestre. En revanche, il y aura
probablement des révisions à la baisse pour l'année prochaine,
compte tenu des incertitudes sur la reprise économique", avance
Vincent Boy, analyste marchés chez IG France.
Soulignant ces incertitudes, le Fonds monétaire international (FMI)
a revu en baisse cette semaine ses prévisions de croissance pour la
France en 2021. L'institution anticipe désormais une croissance de
6% contre 7,3% dans ses projections publiées en juin. Cette année,
le produit intérieur brut de la France devrait reculer de 9,8%.
S'il est pénalisé par la crise sanitaire - le SBF 120 abandonne 18%
depuis le début de l'année - le marché parisien profite aussi des
soutiens apportés par les gouvernements et les banques centrales à
travers le monde. Les progrès réalisés par les groupes
pharmaceutiques pour commercialiser un vaccin seront déterminants
pour la cote parisienne.
"La dynamique se dégrade, la visibilité baisse et les nouvelles
mesures de distanciation sociale constituent de mauvaises nouvelles
sur le plan macroéconomique. Dans ces conditions, le marché a envie
de vendre, mais ne s'effondre pas, parce qu'il y a l'espoir du
vaccin", constate Pierre Schang, gérant chez Tocqueville
Finance.
Mais pour l'heure, "le problème du marché c'est le temps, d'un côté
celui du vaccin, qui peut prendre plusieurs mois, de l'autre celui
de la seconde vague qui est déjà présente", conclut Sébastien
Korchia.
-François Schott et François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41
27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH
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