Le projet numérique d'Ahold est plus convaincant que celui de Carrefour - Plus Europe
November 17 2021 - 3:38AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Carol Ryan,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les stratégies les plus étoffées
développées par les grands supermarchés européens dans le
e-commerce ne sont peut-être pas les plus efficaces.
Coté à Amsterdam, Ahold Delhaize a annoncé lundi qu'il souhaitait
doubler ses ventes en ligne et dégager un bénéfice sur ces
dernières d'ici à 2025. La société, qui possède les marques Food
Lion et Giant Food aux Etats-Unis ainsi que des enseignes de
distribution alimentaire dominantes dans la région du Benelux,
augmentera ses dépenses d'investissement annuelles pour les porter
de 3% à 3,5% de ses ventes. L'année prochaine, le groupe procédera
également à l'introduction partielle en Bourse de sa place de
marché en ligne bol.com - un rival néerlandais d'Amazon - et
consacrera les fonds ainsi obtenus à son développement
numérique.
Carrefour a pour sa part présenté aux investisseurs, quelques jours
plus tôt, un argumentaire bien plus tendance. Le groupe français
souhaite tripler la valeur brute de ses marchandises en ligne d'ici
à 2026 et a signé des accords avec Meta, le propriétaire de
Facebook, et Uber Eats pour l'aider à réaliser son projet. Le
distributeur s'intéresse au marché florissant de la livraison
rapide de produits alimentaires, qui permet aux clients de recevoir
leur commande en moins d'une demi-heure.
Des visées sur la publicité en ligne
Carrefour et Ahold Delhaize souhaitent également générer des
revenus supplémentaires en vendant de la publicité en ligne à leurs
fournisseurs, une opportunité que les supermarchés américains
Walmart et Kroger ont été plus prompts à exploiter. Ils surveillent
tous Amazon, dont la part des dépenses publicitaires en ligne aux
Etats-Unis a dépassé 10% l'année dernière.
L'action Carrefour se négocie à environ 10 fois les bénéfices
attendus, contre 14 fois pour celle d'Ahold. Même à ce faible
niveau de cours, les plans de transformation de l'entreprise
française doivent être pris avec des pincettes. Le distributeur
accuse du retard par rapport à ses concurrents en matière de ventes
en ligne, qui représentent aujourd'hui environ 6% de son chiffre
d'affaires total sur son marché national. Si la nouvelle stratégie
devait être couronnée de succès, l'activité d'e-commerce de
Carrefour ne représenterait encore que 12,5% des ventes dans cinq
ans, estime Bernstein. D'autres grands supermarchés européens comme
Ahold Delhaize et le britannique Tesco sont déjà proches de ce
niveau.
Cette nécessité pour Carrefour de rattraper son retard explique en
partie son pari sur le créneau du commerce rapide, qui connaît une
croissance fulgurante mais n'a pas encore fait ses preuves.
L'entreprise veut encourager les petits achats alimentaires en
ligne. Les achats complémentaires, pour lesquels le consommateur
dépense moins de 50 euros, génèrent la moitié du chiffre d'affaires
des magasins d'alimentation physiques, mais seulement 7% des ventes
en ligne.
Une délicate équation économique
Dégager des bénéfices sur ce marché émergent pourrait toutefois
s'avérer délicat. Des start-ups bien financées telles que Flink et
Gorillas sont en train d'ouvrir la voie à la livraison rapide de
produits alimentaires en Europe, tout comme les entreprises de
livraison de repas de restaurants, notamment Uber Eats, Delivery
Hero et Just Eat Takeaway.com. Il semble également probable que ce
secteur continuera à représenter une partie relativement restreinte
du marché de la livraison alimentaire. D'ici à 2026, le drive - un
point faible de Carrefour - devrait représenter encore plus de 80%
des ventes d'épicerie en ligne sur le marché français, selon les
estimations de Bernstein.
Les projets d'Ahold Delhaize sont moins spectaculaires, mais ce
groupe est le plus à même d'atteindre ses objectifs. En 2018,
Carrefour s'était fixé comme objectif de générer 5 milliards
d'euros de revenus alimentaires en ligne d'ici à 2022 - un objectif
depuis révisé à 4,2 milliards d'euros en raison du désengagement du
groupe en Chine. Il prévoit de vendre pour environ 3,3 milliards
d'euros de valeur brute de marchandises en ligne cette année.
Pendant ce temps, Ahold a tenu sa promesse consistant à doubler ses
ventes nettes en ligne entre 2018 et 2021.
Dans la mesure où elle est bon marché, l'action du groupe français
est tentante, mais celle d'Ahold, plus onéreuse, semble toutefois
représenter une meilleure affaire.
-Carol Ryan, The Wall Street Journal
(Version française Eric Chalmet) ed: FXS
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November 17, 2021 03:18 ET (08:18 GMT)
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