Les valeurs du luxe exposées aux USA sont avantagées quand la Chine sévit - DJ Plus
October 11 2021 - 5:11AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Carol Ryan,
Agefi-Dow Jones
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Pendant des années, investir dans les
valeurs européennes du luxe a constitué l'un des meilleurs moyens
de s'exposer à la frénésie d'achats des consommateurs chinois. La
répression engagée par Pékin contre tout signe extérieur de
richesse rendant ces investissements moins attrayants, il reste aux
investisseurs la possibilité d'acheter américain.
Les grandes valeurs européennes du luxe ont fortement baissé depuis
que le président chinois, Xi Jinping, a prononcé à la mi-août un
discours appelant à mieux redistribuer les richesses et à limiter
les revenus "excessifs". On ne sait pas encore ce que cela signifie
pour l'industrie du luxe, mais ces propos ont fait peur aux
actionnaires.
Toute nouvelle politique visant à stimuler le pouvoir d'achat d'un
nombre croissant de ménages chinois pourrait en fait bénéficier à
l'industrie à long terme. Selon les estimations d'UBS, les classes
moyennes représentent 70% à 80% des achats de produits de luxe en
Chine.
De précédentes mesures de répression ont toutefois nui au secteur à
court terme. Lorsque Pékin a limité les dépenses des fonctionnaires
chinois en 2012 dans le cadre d'une campagne anti-corruption, la
croissance des ventes de produits de luxe dans le monde a ralenti à
2% l'année suivante. Ce taux représentait un cinquième de la
croissance enregistrée au cours des trois années précédantes, selon
les données de Bain & Company. De même, les ventes de produits
de luxe ont chuté en 2016 à la suite d'un mouvement de répression
du crédit qui a touché le vaste marché immobilier chinois. D'autres
initiatives visant à freiner l'investissement immobilier - dont les
difficultés du promoteur Evergrande sont la conséquence la plus
visible - pourraient avoir un effet similaire.
Le portefeuille particulièrement équilibré de LVMH
Certaines marques sont cependant en bonne forme aux Etats-Unis
aujourd'hui, ce qui leur confère une protection en cas de
ralentissement des ventes en Chine. Le portefeuille de LVMH est
particulièrement équilibré, le groupe français réalisant 28% de son
chiffre d'affaires total auprès des acheteurs américains contre 27%
auprès des Chinois, selon les estimations de Bernstein. Au deuxième
trimestre, les ventes de LVMH aux Etats-Unis ont augmenté de 31%
par rapport à la même période de 2019, soit avant la pandémie de
Covid-19. Le groupe dévoilera ses ventes du troisième trimestre
mardi, après la clôture de la Bourse.
L'horloger suisse Swatch se situe à l'autre extrême. Les
consommateurs chinois représentent 44% des ventes de l'entreprise,
qui ne réalise que 9% de ses ventes auprès des ressortissants
américains. Burberry et Hermès sont également plus dépendants des
ventes aux clients chinois que la moyenne du secteur.
Les actions de Prada et de Kering, propriétaire de Gucci, ont été
particulièrement pénalisées depuis la mî-août. Cette évolution
paraît injustifiée. Certes, la métamorphose de Prada, qui commence
tout juste à porter ses fruits, ne se confirmera que si la demande
des jeunes consommateurs chinois se poursuit. Mais l'explosion des
ventes aux Etats-Unis, tant pour Prada que pour Kering, qui possède
également Bottega Veneta et Yves Saint Laurent, devrait constituer
un élément rassurant.
Des sociétés stimulées par leur marché national
Les investisseurs disposent d'autres options s'ils veulent éviter
les risques associés à la Chine. Le distributeur spécialisé Watches
of Switzerland réalise la plupart de ses ventes au Royaume-Uni et
aux Etats-Unis et n'a aucune activité en Asie. Quant aux marques
américaines Capri, Tapestry et Ralph Lauren, elles sont davantage
exposées à leur marché national en plein essor - qui représente en
moyenne plus de 50% de leurs ventes - que les acteurs
européens.
Même après leur récente chute, les valeurs européennes du luxe
paraissent onéreuses. Elles se négocient actuellement avec une
prime d'environ 70% par rapport à l'indice MSCI sur la base de
leurs bénéfices futurs, ce qui représente une baisse par rapport
aux sommets de plus de 100% atteints au début août. Cette prime est
toutefois supérieure à la moyenne historique de 50%, note UBS.
Tant que les conséquences des mesures de réduction des inégalités
en Chine ne seront pas mieux cernées pour les marques de luxe, les
valeurs axées sur les Etats-Unis resteront plus sûres.
-Carol Ryan, The Wall Street Journal
(Version française Valérie Venck et Eric Chalmet) ed: ECH - VLV
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October 11, 2021 04:51 ET (08:51 GMT)
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