De retour sur terre, les valeurs de l'hydrogène pourraient rebondir en 2022 -Plus Inter
January 05 2022 - 5:30AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Rochelle Toplensky,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Après avoir défié la gravité en 2020,
les valeurs liées à l'hydrogène sont redescendues sur Terre en
2021. Les anticipations des investisseurs sont à présent mieux
adaptées à un secteur offrant d'énormes perspectives de croissance,
mais sur une échelle de temps encore incertaine et dépendant des
aides publiques.
De nombreuses actions associées à "l'hydrogène vert", qui est
fabriqué en divisant l'eau à l'aide d'énergies renouvelables, ont
perdu plus de la moitié de leur valeur par rapport à leurs sommets
du début de 2021, atteints après une ascension fulgurante au cours
de l'année précédente. Sur deux et trois ans, des valeurs telles
que le fabricant britannique d'électrolyseurs ITM Power et le
spécialiste canadien des piles à combustible Ballard Power Systems
affichent toujours de fortes hausses.
Pendant que l'enthousiasme des investisseurs pour l'hydrogène
diminuait, l'activité industrielle, elle, accélérait. Le nombre
cumulé de projets de grande ampleur annoncés a doublé entre janvier
et novembre 2021, pour atteindre 522, selon le Hydrogen Council,
une initiative qui réunit des entreprises du secteur. Près des
trois quarts de ces projets devraient en partie ou totalement
entrer en service au cours des dix ans qui viennent et, parmi eux,
40% sont déjà financés ou en cours de construction.
Après de nombreux faux départs, l'avènement de l'hydrogène semble
arriver, principalement comme combustible à faible teneur en
carbone pour les secteurs qui ne peuvent pas utiliser l'électricité
pour se décarboner, comme l'acier et le ciment.
Les aides publiques restent cruciales, car la plupart des clients
ne sont pas encore prêts à payer plus cher pour de l'acier ou du
ciment verts. A ce stade précoce, la politique compte, notamment
pour coordonner la croissance de l'offre et de la demande afin
d'éviter de coûteux décalages.
L'Europe et l'Australie se distinguent
L'Europe est en pointe dans le domaine, l'Union européenne et les
différents Etats de la régions proposant des stratégies spécifiques
et des aides généreuses pour les projets liés à l'hydrogène. Les
responsables politiques veulent s'assurer que les entreprises
européennes ne seront pas laissées pour compte, comme ce fut le cas
pour les panneaux solaires, les batteries ou le numérique.
Cette dépendance politique présente également des inconvénients :
les discussions en cours à Bruxelles sur les règles à imposer au
secteur signifient que "des projets sont en suspens", indique
Pierre-Etienne Franc, président du fonds d'investissement FiveT
Hydrogen. Cependant, ces réglementations, une fois finalisées,
permettront de dégager des soutiens financiers importants pour les
projets liés à l'hydrogène, ajoute le responsable.
De son côté, Pékin travaille encore à l'élaboration de sa stratégie
nationale en matière d'hydrogène, mais le gouvernement chinois a
proposé certaines aides au secteur et son engagement à atteindre la
neutralité carbone d'ici à 2060 amène certaines entreprises
publiques à investir dans ce gaz. Ainsi, la compagnie pétrolière
Sinopec a récemment annoncé qu'elle construisait un électrolyseur
d'hydrogène vert alimenté par l'énergie solaire, d'une taille
supérieure aux projets européens.
L'Australie aussi se pose en leader du secteur, avec des projets
bien développés d'exportation d'hydrogène, considéré comme un
carburant pour l'électricité et les transports au Japon et en Corée
du Sud. Si les Etats-Unis sont à la traîne, le projet de loi "Build
Back Better" du président Joe Biden, actuellement dans l'impasse,
prévoit un crédit d'impôt pour la production d'hydrogène vert. Il
s'agirait d'une incitation puissante si ce dispositif était
adopté.
McPhy pourrait capter 2% du marché des électrolyseurs
Les fabricants d'électrolyseurs figurent parmi les bénéficiaires
les plus évidents de la croissance du secteur. Adam Collins,
analyste chez Liberum Capital, estime que ITM, Nel et la société
française McPhy pourraient détenir respectivement 10%, 8% et 2% des
parts de marché à long terme. Cette activité, dont l'analyste juge
qu'elle deviendra rentable au niveau mondial, devrait être soutenue
par des services après-vente à marge élevée, une pénurie de
capacités de production lors de la décennie en cours et une
possible reprise économique induite par la politique de relance des
Etats-Unis.
Pour autant, acheter les actions de ces "pure players" du secteur
de l'hydrogène implique une importante prise de risque. Même après
la correction subie en 2021, Nel et McPhy s'échangent à environ 20
fois leurs revenus à venir tandis qu'ITM présente un multiple de 40
fois. Le temps que mettront ces entreprises à atteindre de tels
niveaux de chiffre d'affaires dépend grandement de l'ampleur des
aides publiques, de l'innovation technologique et de leur capacité
à croître.
Les investisseurs peuvent toutefois compter sur le fait que le
thème de l'hydrogène sera plus susceptible de les récompenser en
2022, après une année 2021 décevante, qu'à l'issue d'une forte
hausse.
-Rochelle Toplensky, The Wall Street Journal
(Version française Valérie Venck) ed: ECH
Agefi-Dow Jones The financial newswire
(END) Dow Jones Newswires
January 05, 2022 05:10 ET (10:10 GMT)
Copyright (c) 2022 L'AGEFI SA
Mcphy Energy (EU:MCPHY)
Historical Stock Chart
From Oct 2024 to Nov 2024
Mcphy Energy (EU:MCPHY)
Historical Stock Chart
From Nov 2023 to Nov 2024