Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--"France is back", pour reprendre les mots d'Emmanuel Macron. L'Insee devrait le confirmer mardi avec la publication du produit intérieur brut (PIB) annuel. Après des années de croissance poussive, l'économie tricolore devrait avoir connu en 2017 son meilleur millésime depuis la crise de 2008. Début janvier, la Banque de France a révisé à la hausse sa prévision, de 1,8 à 1,9%.



Le bon chiffre de l'an dernier sera tiré par un dernier trimestre robuste, que les économistes situent à 0,6-0,7%. Or plus le dernier trimestre d'une année est fort, plus l'acquis de croissance pour l'année suivante est important. Dans une note, les économistes de Barclays considèrent qu'il sera deux fois supérieur à celui de 2006, année où la croissance avait atteint 2,4%. Ils tablent d'ailleurs sur ce même chiffre pour 2018. "Les entreprises font remonter des tensions de plus en plus fortes sur les recrutements, ce qui pourrait augmenter les salaires plus fortement que prévu", et donc la consommation, prévient François Cabau, l'un des auteurs de l'étude.





Les banques ont de quoi se réjouir





Les indices parisiens ne doivent pas attendre monts et merveilles de ce regain d'activité. Les entreprises du SBF 120 ne réalisaient en 2016 que 30% de leur chiffre d'affaires en France, selon les données compilées par FactSet, chiffre qui passe à 26% pour les seules sociétés du CAC 40. "La principale source de bénéfices des entreprises du CAC 40 reste leurs exportations. Elles sont ainsi plus sensibles aux statistiques européennes qu'à la seule conjoncture française", souligne Vincent Juvyns, Global market stratégiste chez JPMorgan Asset Management.



Mais certains secteurs sont particulièrement bien armés pour tirer avantage de cette meilleure conjoncture. Les banques - "les canaris dans la mine de charbon que constitue la conjoncture" dixit Vincent Juvyns - peuvent se réjouir. L'accélération de l'activité tricolore est le carburant de la banque de détail française, qui représente encore environ 25% des bénéfices de Société Générale (GLE.FR) et 16% de ceux de BNP Paribas (BNP.FR). Les volumes de crédit devraient continuer d'augmenter et les établissements français pourraient en plus profiter d'un meilleur environnement de taux cette année. En somme, "les banques sont bien positionnées pour profiter de la reprise", résume Alex Koagne, analyste chez Natixis.





L'automobile en pole position





Autres gagnants : les constructeurs automobiles. "Ils tireront profit d'un embellissement de la conjoncture économique française. Ils l'ont déjà fait l'an dernier. Quant à 2018, l'environnement économique continuera d'être porteur et l'offre produit sera toujours orientée vers les produits que les consommateurs veulent en France. C'est-à-dire des SUV et des Crossover, des 5008 ou des 2008 chez Peugeot (UG.FR), des Kadjar ou des Captur chez Renault (RNO.FR). Ces sont des véhicules qui ont des marges élevées. Donc tant sur les volumes que sur les prix, 2018 s'annonce bien", détaille Pierre Bergeron, analyste chez Société Générale CIB. Les taux bas sur les crédits automobiles et une moyenne d'âge élevée du parc automobile - environ 10 ans - ne feront qu'accentuer la tendance.



Les foncières peuvent aussi se frotter les mains, du moins certaines d'entre elles. "Elles peuvent profiter d'une meilleure reprise en France mais avant tout sur l'immobilier de bureau qui est beaucoup plus cyclique et directement lié aux chiffres de l'emploi. Si cette amélioration ne se traduira pas avant un certain temps dans leurs résultats, elle peut néanmoins soutenir leur cours", explique Pierre-Emmanuel Clouard, analyste chez Natixis. "Ce sont surtout des valeurs dont l'activité est forte dans l'immobilier de bureau qui pourraient en tirer profit, comme Gecina (GFC.FR), Icade (ICAD.FR) ou Foncière des Régions (FDR.FR)", ajoute-t-il.





Effets limités sur le BTP





Des effets plus limités sont à attendre sur d'autres secteurs. C'est le cas du BTP, où le regain de croissance n'apporterait qu'un soutien modeste à l'activité d'immobilier résidentiel de Vinci (DG.FR) ou Bouygues (EN.FR). Pour les groupes de services aux collectivités comme Veolia (VIE.FR) et Suez (SEV.FR), la reprise économique se traduirait par de meilleurs résultats sur les clients "industriels". Or cette clientèle représente 45% du chiffre d'affaires de Veolia et 40% de celui de Suez, contre respectivement 55% et 60% pour les collectivités locales.



Avec une hausse de leur pouvoir d'achat, les consommateurs pourraient être incités à opter pour des forfaits et des abonnements plus rémunérateurs. De quoi soutenir l'ARPU - "average revenue per user" ou chiffre d'affaires moyen par client, donnée très suivie par les analystes - des opérateurs télécoms notamment pour Bouygues et Free, filiale d'Iliad (ILD.FR). L'an passé, les deux concurrents ont recruté beaucoup de clients sur le fixe pour le premier et sur le mobile pour le second.



Du côté des groupes audiovisuels, une meilleure conjoncture mettrait un peu de baume au coeur d'un marché publicitaire atone. Sur les neuf premiers mois de 2017, il a encore reculé de 0,3% selon les données de l'Institut de recherches et d'études publicitaires (Irep), avec des dynamiques assez différentes. Canal Plus, filiale de Vivendi (VIV.FR), a largement sous-performé le marché publicitaire tandis que M6 (MMT.FR) et TF1 (TFI.FR) ont eux fait bien mieux, indique un analyste.





Pas d'aubaine pour la grande distribution





En revanche, la grande distribution a de bonnes chances de ne pas voir la couleur de ce rebond, même si Carrefour (CA.FR) réalise 47% de son chiffre d'affaires en France et Casino (CO.FR) 58%, selon FactSet. L'essentiel de leurs ventes est concentré dans l'alimentaire - 83% du chiffre d'affaires de Carrefour en 2016 - des dépenses incompressibles et peu liées à la conjoncture. La concurrence acharnée entre les acteurs empêcherait de toute façon quiconque de profiter d'une envolée de la consommation. Le marché se préoccupe avant tout de l'hypothétique renforcement d'Amazon (AMZN) sur le marché européen de la grande distribution au-delà du rachat de Whole Foods. Pour Fnac-Darty (FNAC.FR), la logique est un peu différente. L'activité de gros électroménager est assez peu dépendante de la conjoncture. Cela est moins vrai pour l'électronique grand public. Mais les ventes de ces produits sont d'abord sensibles à l'innovation technologique - et donc à l'offre plus qu'à la demande.



Emmanuel Macron a probablement raison de clamer que "la France est de retour". Mais tous les groupes cotés ne profiteront pas dans les mêmes proportions du rebond tricolore si longuement attendu.





-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH - VLV





(END) Dow Jones Newswires



January 29, 2018 03:31 ET (08:31 GMT)




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