Eutelsat et SES ont d'autres cartes à jouer que celle de la consolidation -DJ Plus
June 11 2018 - 11:59AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Thomas Varela
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Dans l'attente des nouvelles technologies
qui leur permettront de mieux résister à la concurrence de
l'Internet à très haut débit, les opérateurs de satellites ont peu
d'atouts pour séduire les investisseurs dans l'immédiat, en dehors
d'un dividende confortable. Pour autant, la consolidation qui
semble se profiler dans le secteur ne constitue pas l'unique
alternative pour surmonter cette période.
En février dernier, le PDG d'Eutelsat, Rodolphe Belmer, jugeait
probable une série de fusions-acquisitions alors que plusieurs
acteurs se trouvent fragilisés par les progrès de la fibre optique,
technologie capable de fournir une connexion à Internet beaucoup
plus rapide que les satellites disponibles. Mais la dette accumulée
dans le secteur limite les capacités d'investissement. L'offre de
l'américain Echostar sur le britannique Inmarsat, rejetée ce
week-end car jugée trop faible, illustre la frilosité actuelle.
Emergence d'autres acheteurs potentiels
Le luxembourgeois SES, coté à Paris, dépasse déjà la limite de 3,3
fois l'Ebitda qu'il s'était imposé en matière de dette, même s'il
reste loin de 14 milliards de dollars dette qui pèsent sur le
numéro un mondial du secteur, l'américain Intelsat. Plus
fondamentalement, SES n'a pas vraiment besoin de réaliser des
acquisitions, son principal défi étant d'investir dans ses
infrastructures actuelles afin de gérer la montée en puissance des
nouveaux satellites capables de gérer les connexions mobiles de 5e
génération (5G).
L'autre opérateur coté à Paris, Eutelsat, ne semble pas non plus en
recherche d'acquisitions, même si le groupe ne souhaite pas faire
pas de commentaire sur le sujet. Son plan stratégique donne la
priorité au désendettement et à la génération de trésorerie dans le
but de rassurer les investisseurs sur sa solidité financière dans
une période difficile en termes de parts de marché. Interrogée par
téléphone, une porte-parole d'Eutelsat a souligné que la cession
récente de la participation détenue dans Hispasat pour 302 millions
permettrait de conforter ce plan stratégique.
Pour pallier le manque de financement disponible, les sociétés de
capital-investissement pourraient participer à des opérations,
relève toutefois une source du secteur. D'autres acheteurs
pourraient également émerger, du côté des groupes aéronautiques,
mais aussi des opérateurs télécoms et même des géants de
l'internet.
Retour en grâce auprès des analystes
L'activité de M&A dans le secteur aura pour effet de soutenir
les cours, estime Barclays lundi, en relevant son avis sur SES à
"pondération égale".
Mais l'attrait spéculatif n'est pas l'unique catalyseur du secteur,
même dans le contexte actuel marqué par de fortes pressions
concurrentielles. UBS a relevé vendredi à l'achat ses
recommandations sur Eutelsat et SES, en jugeant exagérées les
craintes du marché. Même en intégrant les progrès de la vidéo par
Internet, l'activité de télévision par satellite des deux groupes
devrait continuer à dégager des revenus stables ou en légère hausse
au cours des 15 prochaines années, selon la banque suisse, qui
table sur le maintien d'un rendement du dividende autour de
6-7%.
La consolidation attendue sera peut-être moins profonde que prévue,
dans un secteur où les gouvernements conservent jalousement leurs
champions nationaux. Et cela ne condamnera pas pour autant ceux qui
n'y participeront pas.
- Thomas Varela, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 99;
tvarela@agefi.fr ed: ECH
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