MONTRÉAL, le 9 mai 2024 /CNW/ - Dans le but de
résoudre la pénurie de personnel et les bris de services qui
menacent les centres de la petite enfance (CPE) du Québec, les
12 400 travailleuses affiliées à la CSN revendiquent plus
d'outils ainsi qu'un important rattrapage salarial pour mener à
bien leur mission auprès des tout-petits.
Le 8 mai, les travailleuses ont officiellement déposé au
ministère de la Famille (MFA) leurs demandes. Celles-ci constituent
des solutions aux difficultés de recrutement et à l'exode de la
main-d'œuvre en place.
En 2021-2022 seulement, 3 000 travailleuses ont quitté le
navire. Pour compenser le départ de leurs collègues, celles qui
demeurent en place doivent prendre les bouchées doubles. Le
gouvernement a pourtant promis de recruter 18 000 nouvelles
éducatrices d'ici 2026 pour être en mesure d'offrir les
37 000 places subventionnées prévues dans son Grand chantier
pour les familles.
« Il faut attirer du personnel formé et outillé pour
relever tous les défis de la profession. Il faut que le
gouvernement soit cohérent : il doit offrir aux travailleuses
des conditions à la hauteur des exigences législatives qui
encadrent la qualité du service en CPE », martèle la
représentante des CPE à la Fédération de la santé et des services
sociaux (FSSS-CSN), Stéphanie Vachon.
Pour la CSN, la solution passe par un important rattrapage
salarial. « Le secteur ne peut pas fonctionner avec des
rattrapages salariaux aux 20 ans seulement. Il faut la parité
avec le secteur public », insiste Mme Vachon.
« Comment compétitionner avec la fonction publique, notamment
le secteur scolaire ? Dans l'actuelle pénurie de main-d'œuvre, les
travailleuses en CPE ont le choix. Elles sont de plus en plus
nombreuses à se diriger vers le secteur scolaire, note la
vice-présidente responsable des secteurs privés à la FSSS-CSN,
Lucie Longchamp. Pour respecter ses
promesses de création de places dans le réseau et d'ouverture de
nouveaux CPE, le gouvernement doit recruter plus de travailleuses
et être à l'écoute, car, avec les conditions de travail actuelles,
il n'y arrivera tout simplement pas. »
« Le gouvernement a beau promettre de développer le modèle
des CPE et d'offrir une place aux quelque 29 500 enfants sur
sa liste d'attente, force est de constater que le réseau se trouve
en piteux état. Ses travailleuses sont fatiguées, voire épuisées.
Le ministère de la Famille doit agir rapidement pour améliorer les
conditions de travail et les services éducatifs à l'enfance »,
ajoute la présidente de la CSN, Caroline
Senneville.
Résumé des principales demandes
- Les travailleuses affiliées à la CSN réclament une
amélioration notable des salaires. Peu importe leurs fonctions
(éducatrice spécialisée, responsable en alimentation, éducatrice
technicienne, conseillère pédagogique, adjointe administrative,
etc.), elles demandent la parité avec les types d'emplois
équivalents dans le secteur public. Elles réclament aussi l'ajout
d'un mécanisme permanent d'indexation annuelle basé sur l'indice
des prix à la consommation (IPC) afin de se protéger contre
l'inflation.
- Les travailleuses affiliées à la CSN revendiquent plus de
services pour les enfants à besoins de soutien particulier. Leur
nombre a considérablement augmenté sans que les ressources
nécessaires à leur intégration aient suivi la même tendance. Il
faut un meilleur diagnostic afin de permettre à ces enfants
d'obtenir tous les outils nécessaires pour se développer à leur
plein potentiel.
- Les travailleuses affiliées à la CSN réclament une
augmentation des heures consacrées aux tâches pédagogiques et à la
gestion de la cuisine. Au cours des dernières années, les exigences
de qualité ont fortement augmenté (dossier de l'enfant et
renouvellement du programme éducatif), mais peu de moyens ont été
octroyés au personnel. Ce dernier doit aussi veiller aux tâches de
préposé-es puisque plusieurs de ces postes essentiels ont été
abolis par les coupes budgétaires. Bref, les travailleuses n'ont
tout simplement plus assez de temps pour vaquer à leur mission
première d'éducation.
- Les travailleuses affiliées à la CSN réclament une
augmentation du nombre de congés personnels et l'obtention d'une
sixième semaine de vacances (après 15 ans de services).
Pour faire contrepoids à la charge de travail croissante, les
travailleuses ont besoin de plus de congés personnels. Cette
bonification rendrait également les emplois en CPE plus alléchants
et faciliterait la rétention du personnel. Pour les travailleuses
les plus expérimentées, l'ajout d'une sixième semaine de vacances
se veut une façon de les encourager à demeurer dans le réseau et à
valoriser leur expérience.
Fortement mobilisées
Les travailleuses en CPE de partout au Québec étaient prêtes à
négocier depuis plus d'un an. Elles se sont d'ailleurs dotées d'un
mandat de moyens de pression, excluant la grève. Fortes de
leur dernière lutte, qui a démontré la grande solidarité des
travailleuses de l'ensemble des appellations d'emplois, elles sont
prêtes pour cette nouvelle mobilisation.
À propos
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)
constitue l'organisation syndicale la plus importante dans le
secteur des centres de la petite enfance (CPE) au Québec. Elle
regroupe 80 % de toutes les accréditations syndicales du
secteur des CPE pour plus de 12 400 travailleuses et
travailleurs.
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre
pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et
durable. À ce titre, elle s'engage dans plusieurs débats qui
intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de
330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base
sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur
une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement
sur le territoire du Québec.
SOURCE Fédération de la santé et des services sociaux
(FSSS-CSN)