Le retour du dividende de Saint-Gobain n'est pas son seul atout boursier - DJ Plus
November 27 2020 - 5:27AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Dimitri Delmond,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--La performance de Saint-Gobain terrasse
celle du CAC 40. En six mois, l'action du spécialiste des matériaux
de construction a bondi d'environ 43%, prenant deux fois plus de
hauteur que l'indice vedette de la Bourse de Paris, qui a dans le
même temps gagné près de 23%. Pour autant, Saint-Gobain, qui vient
d'annoncer que le rebond de son activité au second semestre lui
permettrait de verser un dividende de 1,33 euro au titre de 2020,
n'a pas encore réalisé son plein potentiel en Bourse.
"Compte tenu de la croissance des ventes et des résultats au
troisième trimestre, ainsi que d'un bon début de quatrième
trimestre, le résultat d'exploitation du groupe au second semestre
2020 sera en progression à structure et taux de change comparables
par rapport au second semestre 2019", a indiqué jeudi soir
Saint-Gobain. Vendredi, l'action gagne 0,3% en réaction à ces
annonces.
Après une pause liée à la crise sanitaire, le conseil
d'administration a réaffirmé sa politique de dividende privilégiant
un paiement en espèces et visant un taux de distribution normalisé
de 35% à 40% du résultat net courant.
Une revalorisation boursière en bonne voie
Après sa performance boursière de 2020, le titre Saint-Gobain
s'échange selon un ratio valeur d'entreprise sur excédent brut
d'exploitation (Ebitda) estimé pour 2020 de 7,3 selon Factset, 7%
supérieur à sa moyenne des cinq années précédentes. Deutsche Bank,
qui a débuté le 17 novembre le suivi du titre avec une
recommandation à "acheter", estime que le ratio valeur d'entreprise
sur Ebitda du groupe français comme celui de ses pairs européens
CRH, HeidelbergCement et LafargeHolcim mériterait d'atteindre 8 à
moyen terme.
Sur la base des prévisions de résultats pour l'exercice 2020,
l'application d'un ratio valeur d'entreprise sur Ebitda de 8 au
titre Saint-Gobain ajouterait instantanément 11% à son prix. Selon
Deutsche Bank, la revalorisation boursière de l'ex-Manufacture
royale de glaces de miroirs est en bonne voie, alors que
l'empreinte carbone directe et indirecte de ses produits
diminue.
En route vers la neutralité carbone
La plupart des analystes qui suivent Saint-Gobain considèrent que
le groupe est parfaitement positionné pour profiter de la vague de
rénovation des bâtiments qui déferle sur ses principaux marchés. Le
plan de relance dévoilé début septembre par le gouvernement
français prévoit de consacrer 6,7 milliards d'euros entre 2021 et
2022 à la rénovation thermique des bâtiments. Cette initiative est
complétée par le pacte vert construit par la Commission
européenne.
Saint-Gobain réalise la moitié de son chiffre d'affaires dans le
domaine de la rénovation en Europe, s'appuyant sur un portefeuille
de produits taillé pour réduire l'empreinte carbone des bâtiments.
"Nos solutions d'isolation vendues en une année permettent ainsi
d'éviter plus de 100 fois les émissions de gaz à effet de serre de
l'ensemble du groupe, ce qui représente plus de 1.200 millions de
tonnes équivalent CO2 sur l'ensemble de leur cycle de vie", a
récemment déclaré Pierre-André de Chalendar, le PDG de
Saint-Gobain, lors de la présentation de la feuille de route qui
doit mener le groupe à la neutralité carbone en 2050.
Barclays, qui a fait de Saint-Gobain son action favorite dans le
secteur de la construction, des matériaux et des infrastructures,
souligne également que de nouvelles cessions d'actifs pourraient
soutenir le cours de Bourse.
Lapeyre amené à sortir du périmètre
Après avoir cédé l'an passé des actifs réalisant 3,3 milliards
d'euros de chiffre d'affaires, puis soldé sa participation dans
Sika en mai, pour un montant de 2,41 milliards d'euros,
Saint-Gobain vient d'entrer en négociations exclusives avec le
fonds d'investissement allemand Mutares pour lui vendre Lapeyre. Ce
spécialiste de l'aménagement de la maison, acquis par Saint-Gobain
en 1996, a accusé une perte d'exploitation de 34 millions d'euros
l'an passé.
Selon une source proche du dossier, Saint-Gobain pourrait céder
Lapeyre contre une somme à "deux chiffres en millions d'euros".
Mais les conditions d'un éventuel accord prévoient que Saint-Gobain
renfloue dans le même temps de 245 millions d'euros le bilan de sa
filiale, c'est-à-dire in fine que le groupe paie pour se
débarrasser de l'actif.
Il s'agit d'un mal nécessaire. "La cession d'activités déficitaires
ou à faible marge est susceptible de contribuer significativement à
l'atteinte de l'objectif du groupe d'une hausse de plus de 100
points de base de sa marge d'exploitation entre 2018 et 2021",
assure UBS. Selon les calculs de la banque suisse et de JPMorgan
Cazenove, la vente de Lapeyre ajoutera 20 points de base à la marge
d'exploitation de Saint-Gobain en 2021.
Les investisseurs apprécieraient d'autres cessions
La rotation d'actif pourrait se poursuivre et permettre à
Saint-Gobain de satisfaire ses ambitions. "Nous restons convaincus
que le management a coché les noms de Pont à Mousson et des
activités de distribution au Royaume-Uni au menu des prochaines
cessions", avance Oddo BHF.
La vente de ces deux autres "vaches sacrées" aiderait Saint-Gobain
à encore consolider ses marges et à cimenter un peu plus ses
relations avec les investisseurs.
-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31;
ddelmond@agefi.fr ed: ECH - VLV
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