Une transaction peut en cacher une autre. L'offensive de Saint-Gobain (SGO.FR) sur le suisse Sika (SIK.VX) a relégué à l'arrière-plan la décision du français de se séparer de sa filiale d'emballages en verre Verallia. Mais pour pouvoir prendre le contrôle de Sika, mieux vaudrait pour le géant des matériaux de construction qu'il parvienne à céder Verallia dans de bonnes conditions.



Deux opérations de tailles presque comparables



Dans le principe, les deux opérations ne sont pas liées. "Je n'ai pas besoin de l'une pour faire l'autre et de l'autre pour faire la première", a affirmé Pierre-André de Chalendar, le PDG de Saint-Gobain. Toutefois, a reconnu le dirigeant, une cession de Verallia permettrait de réduire la dette du groupe industriel français et/ou de financer en partie le rachat d'une participation dans Sika.



L'opération coûterait 2,75 milliards de francs suisses à Saint-Gobain, ou environ 2,6 milliards d'euros au cours actuel du franc suisse. En comparaison, Verallia pourrait être valorisé entre 2 et 2,3 milliards d'euros, selon les analystes. Pour leur part, les agences de notation de crédit Moody's et Standard & Poor's ont certes maintenu leurs notes sur Saint-Gobain. Mais elles se sont inscrites dans le scénario d'une cession de Verallia en parallèle d'une entrée au capital de Sika.



Mais des doutes sur le prix de cession de Verallia



Une acquisition de Sika sans cession de Verallia ne manquerait pas de tendre le bilan de Saint-Gobain. Bien qu'en baisse, la dette nette du groupe s'élevait à 8,5 milliards d'euros à la mi-2014, ce qui représente 2 fois son excédent brut d'exploitation. Moody's et S&P attribuent à la dette de Saint-Gobain des notes seulement deux crans au-dessus de la catégorie spéculative.



Malheureusement, une sortie de Verallia dans de bonnes conditions n'est pas acquise. Certes, Saint-Gobain se montre plutôt confiant. Le groupe a évoqué plusieurs marques d'intérêt, ce qui pourrait pousser les prix à la hausse. Mais à l'inverse, il a exclu une introduction en Bourse, suggérant un manque d'appétit du marché pour le groupe. En outre, une cession à un industriel semble exclue pour des raisons de concurrence, selon les analystes. Le nombre de candidats au rachat de Verallia pourrait ne pas être aussi élevé que cela.



La prise de contrôle de Sika mal engagée



Une vente à un prix inférieur aux attentes de Verallia serait d'autant plus décevante que Saint-Gobain est prêt à payer le prix fort pour entrer au capital de Sika. L'industriel français a concédé que la transaction ne serait créatrice de valeur qu'à partir de la quatrième année.



En outre, l'opération est mal engagée. Saint-Gobain veut prendre le contrôle de Sika en ne rachetant que sa holding de tête, qui détient 16% du capital mais 52% des droits de vote, sans proposer de conditions de sortie équivalentes aux autres actionnaires du groupe. Bien que légale en Suisse, cette proposition a provoqué l'ire de la direction de Sika, d'une partie de son conseil d'administration et d'actionnaires représentant 40% du capital. Saint-Gobain tente actuellement de nouer le dialogue avec la direction de Sika.



Déjà un sujet d'inquiétude pour les actionnaires de Saint-Gobain, la prise de contrôle de Sika perdrait un peu plus de sa pertinence si le groupe ne parvenait pas à vendre Verallia à bon prix.



- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@wsj.com

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