François Schott,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--En première ligne au moment où le Royaume-Uni s'apprête à sortir de l'Union européenne, le 30 mars, l'opérateur du tunnel sous la Manche a jusqu'ici plutôt bien résisté aux incertitudes sur les relations commerciales entre les deux partenaires. Le titre s'est apprécié de 7% depuis le début de l'année, contre une baisse de 6,4% pour le SBF 120, effaçant les pertes subies après le referendum britannique.



Mais à l'approche de la date butoir, les investisseurs pourraient se montrer plus nerveux. Le vote du Parlement britannique sur l'accord de divorce négocié par Theresa May, prévu le 11 décembre, pourrait constituer la pierre d'achoppement. Un rejet du texte par les députés condamnerait le pays à un 'hard Brexit', c'est-à-dire à une sortie dès le 30 mars de l'union douanière là où l'accord prévoit une période de transition jusqu'en 2020.



Le renforcement des contrôles douaniers sur les camions et les trains de marchandises dès le 1er avril 2019 constituerait un enjeu logistique de taille pour Getlink. Les flux entre l'Union européenne et le Royaume-Uni sont tels que tout retard dans le départ des navettes peut entraîner des bouchons sur plusieurs dizaines de kilomètres. "Nous nous y préparons depuis deux ans avec les douanes et autorités. L'objectif est de continuer à garantir un trafic sans friction", affirme Anne-Laure Descleves, directrice de la communication de Getlink. Le groupe met en avant ses investissements dans de nouveaux outils technologiques, comme des scanners à trains, afin d'éviter des fouilles fastidieuses. L'acquittement des droits de douane devrait quant à lui pouvoir se faire en amont. Mais le Brexit impliquera quoiqu'il en soit un alourdissement des procédures pour les transporteurs, et une augmentation de leurs coûts.



La chute de la livre est positive pour la dette



Getlink est surtout confronté aux risques macroéconomiques du Brexit. Selon le Fonds monétaire international, le divorce coûtera entre 2 et 4 points de croissance à long terme au Royaume-Uni, et entre 0,8 et 1,5 point de croissance dans l'Union européenne. "En dépit des nombreuses lettres, conférences téléphoniques et tribunes rassurantes dans la presse, la pilule d'un Brexit qui serait indolore pour Getlink est difficile à avaler", soulignent les analystes d'AlphaValue. "Tout ralentissement de la croissance britannique aura un double effet sur le titre via la dévaluation de la livre sterling et la baisse du trafic", ajoutent-ils. Un repli de 10% de la devise britannique se traduit par une perte de 4% sur le chiffre d'affaires et de 13% sur le bénéfice net avant impôts, calcule l'intermédiaire. En revanche la dépréciation de la livre a un impact positif sur la dette du groupe, libellée pour moitié dans la devise britannique.



En dépit de ces incertitudes, Getlink se veut optimiste. Le groupe vise une hausse de près de 40% de son Ebitda (excédent brut d'exploitation) entre 2017 et 2022, soutenue par l'ouverture de nouvelles lignes Eurostar comme le Londres-Amsterdam ou le Bordeaux-Londres, et par de nouveaux gains de parts de marché sur le transport de marchandises. Il doit également mettre en service, en 2020, deux câbles électriques qui permettront d'augmenter de 50% la capacité de transport d'électricité entre la France et la Grande-Bretagne, avec à la clé des revenus réguliers, a priori déconnectés des flux commerciaux.



Pour les analystes de Morgan Stanley, cette ligne électrique pourrait ajouter 100 millions d'euros d'Ebitda par an à compter de 2020 et permettrait au groupe d'atteindre son objectif de moyen terme en dépit d'un trafic de camions qui pourrait stagner. "Le Brexit jette une ombre sur 2019", ajoutent-ils.



Si Getlink a jusqu'ici bien résisté aux préparatifs de la sortie britannique, les conséquences les plus douloureuses du Brexit sont à venir. A 43 fois les bénéfices attendus pour 2019, le titre n'est pas spécialement bon marché au sein du secteur des concessions. La prudence s'impose donc pour les investisseurs, en attendant de connaître l'ampleur du choc sur le trafic transmanche.



-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH



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November 28, 2018 08:00 ET (13:00 GMT)




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