En cette fin d'année 2016, l'heure est au bilan et aux perspectives chez les professionnels du conseil en fusions-acquisitions. Avec une question qu'ils ne se posaient pas il y a encore quelques semaines : la victoire inattendue de Donald Trump à l'élection présidentielle va-t-elle rendre le marché américain des M&A (mergers and acquisitions) moins ouvert, moins facile qu'il ne l'était jusqu'à présent ?



Cette interrogation est légitime car, durant sa campagne électorale, le futur hôte de la Maison-Blanche n'a pas fait mystère de son hostilité aux méga-transactions, ni de ses velléités de déréglementer certains secteurs d'activité, comme la santé et la finance, ce qui pourrait modifier leurs perspectives de croissance. Surtout, celui qui n'était alors que le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis n'a rien dissimulé de ses tentations protectionnistes.



"Donald Trump s'est dit partisan de "l'Amérique d'abord", du "made in America", et de la renégociation de certains traités de libre-échange. Si les Etats-Unis devenaient davantage protectionnistes, cela pourrait entraver les fusions-acquisitions transfrontalières", estime Mikala Vidal, de la société de recherche Intralinks.





Des acquisitions aux USA pour un leadership mondial





Or les entreprises étrangères, et notamment les groupes français, sont devenus friands d'opérations de croissance externe aux Etats-Unis, afin d'acquérir ou de maintenir une position de leader mondial, dans le cadre de la globalisation croissante de l'économie. En témoigne le rachat de WhiteWave par Danone en juillet, pour 12,5 milliards de dollars (12 milliards d'euros), la plus importante acquisition du groupe français d'agroalimentaire depuis près de dix ans. En acquérant le numéro un américain des produits laitiers bio, le leader mondial des yaourts s'est renforcé sur un segment en très forte croissance, soutenu par les nouvelles tendances de consommation, tout en doublant de taille aux Etats-Unis, avec une part de marché portée de 11% à 22%.



Quelques mois plus tôt, Air Liquide était redevenu le numéro un mondial des gaz industriels grâce au rachat de l'Américain Airgas, pour 13,4 milliards de dollars (12,9 milliards d'euros). Plus récemment, le groupe pharmaceutique Sanofi a tenté de racheter, pour 9 milliards d'euros environ, la biotech américaine Medivation, qui lui a finalement été soufflée en août par Pfizer. Le spécialiste français de la restauration collective Elior est en revanche parvenu à mettre la main sur son homologue américain Preferred Meals, ce qui a permis de se renforcer sur le marché des maisons de retraite et de pénétrer celui de l'enseignement aux Etats-Unis.





Les Etats-Unis préférés aux marchés émergents





"Il n'y a pas si longtemps, les pays émergents étaient considérés comme la principale zone de croissance. Mais beaucoup d'entreprises ont pris conscience de la difficulté à procéder à des acquisitions sur ces marchés, et se reportent désormais sur les Etats-Unis, qui présentent généralement moins de risques pour l'exécution des transactions tout en offrant des perspectives tangibles de croissance", explique Arnaud Bouyer, co-responsable de la division de banque d'affaires de Morgan Stanley en France.



Sur les neuf premiers mois de l'année, les annonces de rachats de sociétés américaines ont ainsi représenté un total de 1.000 milliards de dollars, soit 41,7% du marché mondial des fusions-acquisitions, selon les données de Thomson Reuters. A titre de comparaison, les acquisitions d'entreprises asiatiques et de sociétés européennes ont respectivement pesé 27% et 21% du marché mondial des M&A, sur la même période.



Depuis l'élection de Donald Trump, "l'appétit de nos clients français qui envisagent des opérations de croissance externe aux Etats-Unis en 2017 n'a pas diminué. Mais le temps de gestation des transactions pourrait être plus long, compte tenu de la nécessité croissante de réfléchir très en amont, notamment à leurs implications politiques et sociales", reconnaît Arnaud Bouyer. Morgan Stanley continue donc de penser que les Etats-Unis représenteront un terrain porteur pour le marché des fusions-acquisitions au cours des prochaines années.



James West, associé au sein du cabinet d'avocats Mayer Brown, partage ce point de vue : "Donald Trump est un homme d'affaires rompu aux fusions-acquisitions. On peut donc imaginer que sa philosophie du business finira par l'emporter lorsqu'il sera à la Maison-Blanche. Dans le contexte des M&A internationales, il est possible qu'il se montre favorable au rachat d'actifs américains par des entreprises étrangères s'il juge que cela permettra de sauvegarder des emplois aux Etats-Unis ou de renforcer l'économie du pays."



Le président-élu ayant nommé des dirigeants d'entreprise comme le patron d'Exxon Mobil et un ancien de Goldman Sachs à des postes clés de sa future administration, il est permis d'espérer que son sens des affaires prendra le pas sur ses tentations protectionnistes.





-Christine Lejoux, Dow Jones Newswires ; 33 (0)1 41 27 48 14 ; christine.lejoux@dowjones.com ed : ECH





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December 16, 2016 08:52 ET (13:52 GMT)




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